Singapour s’éloigne de la liberté d’expression avec cette demande à Facebook

Singapour a demandé à Facebook de corriger le message d’un blogueur en vertu d’une nouvelle loi sur les fake news. Une entrave à la liberté d’expression qui inquiète.

Mauvais temps pour la liberté d’expression à Singapour. Après l’entrée en vigueur d’une mesure sur les ‘fake news’ le mois dernier, les craintes que la cité-état restreigne la liberté d’expression se confirment.

Jeudi, Singapour a ainsi ordonné au blogueur Alex Tan de corriger un article qu’il avait rédigé sur la page Facebook du States Times Review. Il indiquait l’arrestation d’un supposé lanceur d’alerte ainsi que des accusations de fraude électorale. Singapour a déclaré ces allégations ‘fausses et calomnieuses’.

Après avoir vu sa demande rejetée par le blogueur, Singapour veut désormais prendre des mesures plus radicales. L’état asiatique a donc demandé à Facebook de corriger un message sur sa plate-forme, en vertu d’une nouvelle loi sur les ‘fake news’. Cette décision, qui intervient alors que la ville-état asiatique s’apprête à tenir des élections dans les mois à venir, inquiète profondément ses citoyens. Mais les représentants du gouvernement ont balayé d’une main ces préoccupations. Autre signal alarmant.

Enquête sur le blogueur

La cible de Singapour, Tan, ne vit pas sur place (heureusement pour lui). Il se dit citoyen australien et a déclaré explicitement qu’il n’accepterait aucune demande de la part de la cité-État. Conséquences: le bureau chargé de l’application de la loi, connue sous le nom de Loi sur la protection contre les falsifications et manipulations en ligne (POFMA), a déclaré qu’il avait ‘ouvert des enquêtes contre Tan’, sans donner de détails. Une annonce qui n’apaisera pas les inquiétudes quant à la liberté d’expression.

Facebook a pour sa part refusé de commenter cette demande de Singapour. Actuellement, le message de Tan n’a toujours pas été modifié.

Inquiétudes internationales

Le réseau social de Mark Zuckerberg s’est par ailleurs dit ‘préoccupé par certains aspects de la nouvelle loi qui accorde de larges pouvoirs à l’exécutif de Singapour pour nous obliger à supprimer les contenus qu’ils jugent faux et à pousser le gouvernement à informer les utilisateurs’. Autrement dit, c’est une grave entrave à la liberté d’expression.

Des groupes de défense des droits comme Human Rights Watch, ont également fait part de leurs inquiétudes. Ils ont averti que la loi pourrait porter atteinte aux libertés sur Internet, non seulement à Singapour, mais aussi ailleurs en Asie du Sud-Est.

Les élections à Singapour n’ont pas encore de date officielle, mais elles inquiètent largement la population. La cité-État est dirigée sans discontinuité par le Parti de l’action populaire depuis son indépendance en 1965, et on sait que les prises de pouvoir si longues ne sont jamais de bon augure…

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