Si la récession devait toucher l’économie mondiale, il n’y aurait sans doute qu’une bonne nouvelle: la chute des prix du pétrole. Par contre, si l’Occident parvient à court-circuiter l’offre russe, il faudra s’attendre au scénario inverse. De 75 à 150 dollars le baril, telles sont les prévisions de la Bank of America (BofA).
La semaine dernière, les prix du pétrole ont entamé une surprenante chute. La raison principale est la peur du risque de récession qui s’est emparée des marchés la semaine dernière.
Les prévisions sont nombreuses à ce sujet, entre les pessimistes et les optimistes. Mais ce n’est pour le moment pas le scénario envisagé par les banques centrales, qui, on l’a déjà écrit souvent dans ses colonnes, sont une partie du problème et de la solution. Une politique monétaire trop stricte est un risque pour l’économie.
De 139 dollars, le baril de Brent est aujourd’hui à 113 dollars. La semaine dernière, il s’est rapproché de la barre des 100 dollars. Comme d’autres acteurs, la BofA ne voit pas arriver de récession et s’attend à ce que le baril atteigne une moyenne de 102 dollars en 2022 et 2023.
Si la récession devait survenir, la BofA prédit une chute de 30% du baril de pétrole à 75 dollars. Cela resterait un plancher relativement élevé pour une période de turbulence.
Embargo
À contrario, si l’inflation devait se maintenir, avec des pressions sur la chaine d’approvisionnement et sur l’offre de pétrole, la BofA s’attend à un baril qui pourrait dépasser les 150 dollars.
Tout dépendra des effets de l’embargo de l’Occident sur le pétrole russe. La Russie produit environ 11 millions de barils par jour. Si cette production devait passer en dessous des 9 millions de barils, les prix du pétrole pourraient atteindre 150 dollars, a averti BofA.
Sur les 11 millions de barils par jour que produit la Russie, 7,1 millions sont à destination du marché extérieur. De ces 7 millions, 4,8 sont à destination des pays soutenant les sanctions. 2,3 millions sont à destination des pays ne soutenant pas les sanctions. On y retrouve la Biélorussie, mais surtout la Chine et l’Inde.
La semaine dernière, on apprenait que la Russie était devenue en mai le premier fournisseur de pétrole de la Chine. Avec une augmentation de 25% des exportations. En Inde, la demande de pétrole russe bon marché a littéralement explosé, avec 9 fois plus de barils importés en mai par rapport à l’année dernière.
G7
Quoiqu’il advienne, un baril au prix fort est le scénario le plus probable pour l’Occident. Car l’OPEP met très peu d’entrain pour augmenter sa production pour compenser la baisse de l’offre russe. Joe Biden se rendra mi-juillet en Arabie saoudite pour convaincre le plus grand producteur de pétrole de lâcher les chevaux.
En attendant, le G7 se réunit pour trois jours en Allemagne. Sur la table figure une proposition américaine pour geler les prix du pétrole à un certain maximum. Une solution difficile à mettre en place et qui n’a pas la faveur de Paris et Berlin. Emmanuel Macron verrait plutôt la solution d’un plafonnement des prix des pays producteurs. Reste à savoir pourquoi les pays de l’OPEP tendraient cette main aux pays occidentaux.