Inflation, durcissement des politiques monétaires, reprise ou fin de la pandémie : le marché ne semble pas trop savoir où l’année mènera. Pour l’heure, il est dans une forte volatilité. Des experts décortiquent les tendances qu’on peut attendre pour 2022. Tour de table.
Prudence, le mot d’ordre de l’année 2022. « Une année critique, où les déséquilibres provoqués par la pandémie mondiale commencent à se dénouer et où le cycle économique se normalise après avoir connu des extrêmes », résume Lisa Shalett de Morgan Stanley, citée par le média économique MarketWatch.
Ces derniers temps, le marché connait une volatilité particulière. Et dans l’attente d’un durcissement de la politique monétaire de la Fed, la volatilité restera de mise. Avec l’apparition d’omicron, 2022 semblait un peu compromis comme année. Mais selon des premiers signes, le variant est moins dangereux que pensé initialement, une nouvelle encourageante pour les investisseurs, estime Shawn Synder du service de gestion de patrimoine de Citi.
La peur d’omicron et des mesures de la Fed s’est effectivement fait ressentir dans l’indice de volatilité du marché, VIX. L’indice a connu deux mois difficiles en novembre et en décembre avant de revenir dans les rangs. Mais il reste au-delà de son niveau pré-pandémie.
Augmentation du taux d’intérêt
Le passage à un plus haut taux d’intérêt ; une perspective qui crée de la tension pour les investisseurs, estime aussi Lauren Goodwin de New York Life Investment. Plus l’inflation perdure, plus il pourra y avoir d’augmentations des taux d’intérêt, et plus des risques seront présents sur le marché, analyse-t-elle.
Face à des taux d’intérêt plus élevés, les actions du secteur de la tech seront les plus vulnérables, estime les économistes. Pour l’instant, la tech était le cheval de trait du S&P 500, qui boucle trois années de suite avec de beaux gains. Sur 2021 seulement, il a gagné plus de 25%, avec de grandes disparités.
Sur l’année 2022, le marché des actions rendra des revenus plus modestes, et restera volatile, estime encore Jeffrey Kleintop de Charles Schwab. Ce que les épargnants vont gagner avec une hausse des taux d’intérêts les boursicoteurs risquent de le perdre
Goodwin s’attend lui aussi à moins de revenus issus des actions. Elle ajoute que la volatilité du marché continuera, en réponse à la fin des subsides publiques et avantages fiscaux en raison de la pandémie.
S&P 500, prévisions
Goldman Sachs et JPMorgan font leurs prévisions pour le S&P 500 sur l’année 2022. Elles sont les plus hautes des banques de Wall Street. La première calcule qu’il est probable que l’indice termine l’année 2022 à 5.100 (aujourd’hui il est à 4.700, le premier janvier il était à 3.700). Pour JPMorgan, il finira à 5.050, notamment car les retards de la chaine d’approvisionnement vont se dénouer. La Deutsche Bank le voit arriver à 5.000 tout rond.
Barclays et Citi revoient le chiffre à la baisse, avec respectivement 4.800 et 4.900. « Rester prudent » est également le mot d’ordre, pour ces banques qui avertissent leurs clients que même si les réserves de liquidité des ménages et des entreprises vont supporter une croissance plus modeste, les retards de la chaine d’approvisionnement persistants, et le durcissement des règles de la Chine restent des risques.
Bank of America est moins optimiste pour le S&P 500, et voit l’indice finir l’année 2022 à 4.600. Savita Subramanian, directeur du service de stratégie en bourse, voit des similitudes avec l’an 2000, quand la bulle internet avait éclaté.
Morgan Stanley est encore plus pessimiste, et voit le S&P 500 finir en-dessous de son niveau d’aujourd’hui, à 4.400, même si la banque estime que les revenus vont augmenter, mais seront douchés pas l’inflation. Le ratio prix/revenus médian est notamment porté par 15 grandes entreprises, mais celui-ci a justement dépassé un pic pour ces 15 entreprises, analyse Lisa Schalett.
Vers quel marché se tourner?
Pour JPMorgan, les actions internationales, les marché émergents et les segments de marchés cycliques vont observer des surperformances. Le Nasdaq, au contraire, sera ralenti par les mesures de la Fed.
Synder, de Citi, mise sur le secteur de la santé. Les revenus augmentent de manière consistante, explique-t-il. Jeff Spiegel, directeur d’U.S. iShares, voit notamment l’immunologie comme la tendance de 2022, avec des autorisations pour des traitements contre le cancer plus spécifiques qui vont être demandées.
Deux autres tendances principales seront le digital, notamment avec la 5G, et l’autonomisation, les intelligences artificielles, etc. Spiegel explique que l’autonomisation sera particulièrement demandée, à cause des retards de la chaine d’approvisionnement et des inflations des salaires.
La fin de l’inflation?
Kleintop de Charles Schwab voit la surabondance au lieu des pénuries : l’inflation devrait donc baisser, surtout lors de la deuxième moitié de l’année. Il estime qu’un augmentation « agressive » des taux d’intérêt sera donc moins probable.
Deepak Puri s’attend qu’à une seule augmentation du taux d’intérêt, contrairement aux trois souvent indiquées. La Fed aura notamment fini son programme de ralentissement des rachats d’obligations plus tôt, en mars au lieu de juin, calcule Puri.
Pour un mot de fin, Marko Kolanovic, spécialiste des marchés mondiaux pour JPMorgan, estime que la pandémie passera également et que 2022 sera le retour des conditions d’avant la pandémie.
Disclaimer: cet article ne fait pas office de conseil, mais doit se lire à titre d’information. Investir comporte toujours des risques.