La Réserve fédérale sur les freins, la BCE en attente et la Chine injecte des sommes importantes: un méli-mélo de choix de politique monétaire

En Europe et aux États-Unis, de plus en plus d’analystes et d’experts estiment qu’il est temps pour les banques centrales de resserrer leur politique. Pendant ce temps, la Chine relâche son emprise. La Banque populaire de Chine (PBOC) a annoncé qu’elle allait réduire de 0,5 point de pourcentage les réserves que les banques doivent détenir.

La crise du secteur immobilier, notamment celle du géant Evergrande, pèse sur la croissance économique chinoise. La pression sur la croissance économique est si forte que la PBOC a décidé d’injecter davantage d’argent dans l’économie, via les établissements de crédit. Pour ce faire, l’autorité de surveillance réduit de 0,5 point de pourcentage les réserves que les banques doivent constituer. Cela devrait permettre d’injecter 188 milliards de dollars dans l’économie par le biais de prêts aux familles et aux entreprises.

Le but de la Chine est de « promouvoir la construction de logements abordables, soutenir le marché du logement commercial et mieux répondre aux besoins raisonnables des acheteurs en matière de logement », selon le média d’Etat Xinhua. Le pays veut lutter contre le ralentissement de sa croissance économique, même si des conseillers du gouvernement la voient plus faible qu’en 2021. Pour le FMI, des mesures fortes pour redonner la couleur à la croissance chinoise peuvent être bénéfiques pour le monde entier.

La Réserve fédérale réduit son programme d’achat

C’est un choix frappant pour un pays qui a jusqu’à présent mené une politique monétaire assez stricte. Pékin s’est montré très réticent à intervenir dans le redressement économique de la Chine pendant la pandémie de coronavirus. Par exemple, elle n’a pas ajusté les taux d’intérêt directeurs depuis le début de 2020. En comparaison avec la zone euro et les États-Unis, la Chine a une politique monétaire très stricte.

Alors que la Chine lâche les rênes, la Réserve fédérale freine. Depuis novembre, la banque centrale américaine a réduit son programme de relance de 15 milliards de dollars par mois. Il est possible qu’une réunion sur les taux d’intérêt, en décembre, décide de doubler l’effort pour de porter les réductions à 30 milliards de dollars par mois.

La politique jusque-là était de racheter la dette, chaque mois, afin de garder les taux d’intérêt bas, sur le long terme. Mais au vu de l’inflation élevée, la Fed resserre sa politique. L’inflation américaine était de 6,2 % en octobre. Jusqu’à récemment, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, soutenait que l’inflation élevée était temporaire. Cependant, lors d’un discours devant la commission bancaire du Sénat, il a changé de cap et a déclaré qu’il ne parlerait plus d’inflation temporaire.

Lors de ce discours, le Président n’a pas non plus exclu la possibilité que la politique de rachat soit arrêtée quelques mois plus tôt que prévu. Cela ouvre la voie à des hausses de taux d’intérêt en 2022. Les marchés s’attendent actuellement à deux hausses de taux l’année prochaine.

Lagarde insiste sur le caractère temporaire de l’inflation

Et dans la zone euro ? Bien que la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, reste convaincue que l’inflation est temporaire, la position rigide de la zone euro n’est pas bonne. La position rigide de Mme Lagarde continue de choquer les économistes et les analystes. Carsten Brzeski, économiste chez ING, a récemment déclaré que la BCE devrait reconnaître qu’elle a été trop naïve quant à la relation entre les prix à la production et à la consommation.

Tout le monde ne partage pas non plus l’avis de Mme Lagarde sur le plan interne. Isabel Schnabel, une économiste allemande qui est actuellement membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a admis le mois dernier que l’inflation est orientée à la hausse.

D’ailleurs, Mme Lagarde voit peu de chances que la BCE relève ses taux d’intérêt l’année prochaine. Bien que le régulateur ait commencé à réduire légèrement son programme d’achat en septembre, le président a déclaré à l’époque qu’il s’agissait toujours d’un « tapering ».

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