Vols annulés, grèves fréquentes, retards, files, bagages perdus… l’été dernier, de nombreux voyageurs partis (ou ayant voulu partir) par avion ont vécu un cauchemar. Faut-il s’attendre à la même situation cette année ? La demande serait en tout cas supérieure à celle de 2022, et certains problèmes persistent.
Les faits : la demande pour des billets d’avion devrait dépasser celle de 2019, soit avant la pandémie.
- La crise inflationniste ne décourage pas les voyageurs : ils ont envie de partir en vacances, malgré les prix plus élevés des billets. C’est ce que que confirment les compagnies aériennes et experts du secteur.
- EasyJet, compagnie britannique low-cost, est la dernière à souligner la tendance. Ce mardi, en présentant ses résultats trimestriels, elle a augmenté ses prévisions pour les chiffres d’affaires dans les mois à venir, rapporte le Financial Times.
- « Nous constatons une forte dynamique des réservations, qui s’explique par le fait que les clients continuent de donner la priorité à leurs dépenses de vacances », explique le CEO Johan Lundgren lors de la présentation. « Les études de consommation indiquent depuis un certain temps que les voyages ont pris de l’importance dans les dépenses des consommateurs, ce qui se reflète clairement dans nos réservations. »
- Même son de cloche chez RyanAir : une augmentation des prix de 15% est à venir, et la demande resterait robuste.
- Le cabinet d’analyses Cirium, spécialisé dans les données de secteur aérien, s’attend ainsi à plus de 600 millions de sièges réservés en Europe cette année. En 2019, année record, il y en avait un peu moins que 600 millions.
Chaos aérien
Le flashback : Après 2020 et 2021, et un effondrement des chiffres des vols et du secteur aérien à cause de la pandémie, 2022 a été très loin du redémarrage rêvé.
- Entre autres, une pénurie de main-d’oeuvre, liée en grande partie à la pandémie, a provoqué de très nombreuses annulations de vols, l’été dernier. Il y a eu près de 2.000 vols annulés par jour, en moyenne, et la moitié des vols ont connu des retards, selon les chiffres d’Eurocontrol.
- Autant auprès des compagnies aériennes qu’auprès des aéroports, les bras manquaient. Les bagages arrivaient n’importe où, les files étaient interminables, et le nombre de vols a même dû être limité dans certains aéroports. En plus de ces problèmes organisationnels, il y a également eu des grèves fréquentes. Bref, le chaos aérien ou chaos du ciel n’a cessé de faire l’actualité, l’été dernier.
Avec cette hausse de la demande pour 2023, certains éléments portent à croire qu’il faudrait s’attendre à un nouveau chaos dans le secteur aérien. Mais il y a quelques notes positives, aussi.
L’essentiel : vers un nouveau chaos du ciel.
- « Il ne sera pas facile de se rapprocher des niveaux de trafic d’avant la pandémie dans un contexte de problèmes de chaîne d’approvisionnement, d’éventuelles actions syndicales, d’indisponibilité de l’espace aérien, de goulets d’étranglement sectoriels, d’augmentation de la demande et de changements de système », explique Eurocontrol, relayé par Euronews.
- En début d’année, le CEO de Ryanair, Michael O’Leary, a également prévenu que la situation pourrait être la même qu’en 2022 et qu’il faudrait s’attendre à des annulations et des retards. Il explique que c’est notamment dû à la guerre en Ukraine, qui modifie les routes de nombreux vols européens et vers d’autres continents. Un plus grand nombre de vols doit passer par un espace restreint, en d’autres mots.
- Avertissement aussi par Anton Radchenko, un avocat spécialisé dans le secteur aérien et fondateur de la plateforme AirAdvisor, qui défend les droits des consommateurs, dans les pages du quotidien britannique Mirror. Il évoque un trafic aérien important, proche de la capacité maximale. Un problème qui mettrait au moins cinq à dix ans à être résolu, de manière structurelle.
- Tous trois soulignent également que des grèves pourraient avoir un impact supplémentaire. Il y en a déjà eu plusieurs depuis le début de l’année, et il pourrait y en avoir encore davantage, entre autres en France où les manifestations contre la réforme des retraites ne semblent pas prendre fin.
- Des grèves qui peuvent avoir un impact important : début avril, un mouvement social des contrôleurs aériens français avait paralysé les vols dans toute l’Europe.
Mais il y a du positif aussi : le secteur se prépare.
- L’aéroport d’Amsterdam, un des plus fréquentés d’Europe, a mis en place des limites sur le nombre de passagers (à cause de pénuries de main-d’oeuvre), rapport Reuters. Elles sont maintenues jusqu’à la fin du mois de mai, au moins. Si la situation devient chaotique en haute saison, on peut imaginer que les limites pourraient être prolongées.
- Heathrow, à Londres, un des aéroports les plus durement touchés par le chaos l’année dernière, a recruté à tour de bras, rapporte Euronews. Le CEO John Holland-Kay s’attend à ce que tout se déroule de manière « lisse ». L’aéroport a aussi demandé aux compagnies de ne pas rajouter de vols supplémentaires.
- Ce sont loin d’être les seuls aéroports à imposer ces différentes limites. La forte hausse des billets vendus sur l’année 2023 pourrait ainsi être remise en question. La limite de l’aéroport d’Amsterdam correspond par exemple un quota inférieur aux chiffres de 2019.
- Les limites pourraient être une bonne nouvelle pour les passagers, si elles permettent d’éviter le chaos de l’année dernière. Mais en même temps, cela pourrait devenir un cadeau empoisonné : une limite de l’offre, avec une hausse de la demande, se traduit souvent par une hausse des prix.