Vente d’alcool limitée, publicité restreinte et prix minimum : voici ce qui est sur la table du gouvernement concernant le « Plan alcool »

Dans les dossiers du gouvernement depuis une dizaine d’années, le Plan alcool refait à nouveau parler de lui. Il sera d’ailleurs discuté aujourd’hui en comité ministériel restreint, rapporte la RTBF.

Pourquoi est-ce important ?

Cela fait près de 10 ans que le secteur de la santé attend que le gouvernement s’engage à prendre des mesures fortes pour sensibiliser la population sur les dangers de l’alcool, alors que le Belge est un mauvais élève en la matière. Le Plan alcool qui doit être discuté vise cependant des objectifs finalement peu ambitieux.

Dans l’actu : après plusieurs échecs – sous la pression des lobbys –, le gouvernement semble enfin décidé à se mettre à table pour concrétiser ce fameux Plan alcool. Ce dernier s’articule autour de trois points centraux.

1er point : L’interdiction de vente d’alcool dans différents lieux

  • Le premier point du Plan alcool vise à mieux encadrer la vente d’alcool et ainsi, à l’interdire dans certains lieux, notamment sur les aires d’autoroute, dans les distributeurs automatiques, ainsi que dans les hôpitaux.
    • Un premier point qui aurait déjà du mal à passer, surtout l’interdiction de la vente de boissons alcoolisées sur les aires d’autoroute, rapporte la RTBF.
    • Quant à l’interdiction de vendre de l’alcool dans les magasins de nuit, l’idée a été directement balayée d’un revers de la main.
      • « C’est regrettable », a déploré Michel Evens, porte-parole des Alcooliques Anonymes. « On peut aller y chercher de l’alcool à tout moment, à toute heure, sur une simple envie. C’est un vrai problème ».

2ᵉ point : limiter la publicité

  • Le gouvernement planche sur l’interdiction de la publicité pour des boissons alcoolisées dans tous les programmes dédiés aux mineurs, que ça soit à la télévision, au cinéma, à la radio ou en ligne.
    • Une mesure qui est loin de faire l’unanimité, car si les Alcooliques Anonymes la qualifient de « primordiale », elle est « largement insuffisante » pour Univers Santé. D’autant plus que le gouvernement s’appuie sur une convention rédigée par l’industrie de l’alcool elle-même – aspect fortement critiqué.
      • « C’est ridicule ! Comment va-t-on déterminer ce qu’est un programme ‘principalement dédié aux mineurs’ ? Ça ne va absolument pas protéger les jeunes de l’omniprésence de la publicité pour l’alcool, diffusée partout ! », a critiqué Martin de Duve, alcoologue et directeur de l’ASBL Univers Santé (UCLouvain).

3ᵉ point : imposer un prix minimum pour les boissons alcoolisées.

  • Une telle mesure serait également sur la table du gouvernement, avec l’objectif d’éviter d’encourager les consommateurs à surconsommer des boissons alcoolisées. Les promotions et autres pils très bon marché sont notamment dans le viseur.
  • Une mesure qui ne fait pas l’unanime au sein du gouvernement. Elle aurait d’ailleurs reçu plusieurs « non catégoriques » de la part de plusieurs partis.
    • « Le secteur brassicole dispose visiblement d’entrées importantes auprès du gouvernement, pour que cela capote systématiquement », a une nouvelle fois déploré Martin de Duve.
  • La possibilité d’imposer un prix minimum pour les boissons alcoolisées a également du mal à passer auprès de la Fédération Belge des Vins et Spiritueux qui estime qu’une telle mesure serait « contreproductive » et que « cela ne ferait qu’encourager les achats transfrontaliers ».

Pas de changement de l’âge minimum pour acheter de l’alcool

  • La question ne semble même pas sur la table, ce qui continue de crisper les acteurs de la santé, de même que la Fédération Belge des Vins et Spiritueux, puisque cette règle se base uniquement sur la nature du breuvage et non sur le degré d’alcool.
    • « Il n’y a pas lieu de faire de différence entre un verre de vin, de spiritueux ou de bière. Ils peuvent contenir autant de grammes d’alcool pur. Il faut que les règles soient claires pour tout le monde. Pour nous, l’âge minimal devrait être de 18 ans un point c’est tout », estime la Fédération.
  • Pour l’heure, il faut au minimum 16 ans pour acheter de la bière et du vin, et 18 ans pour les autres spiritueux.
    • On note tout de même un possible « petit » changement. Les vins mutés (Martini, Sherry…) deviendraient interdits en dessous de 18 ans.

Enfin, il est question d’offrir un meilleur accompagnement des personnes souffrant de problèmes d’alcool, bien que les modalités doivent encore être arrêtées. La question est en tout cas capitale en Belgique, car 15% des Belges souffrent d’une consommation problématique d’alcool et 7 % développent une dépendance. Chez les 20-39 ans, 13,5 % des décès sont attribués à l’alcool.

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