Vancouver est la capitale mondiale du blanchiment d’argent

L’année dernière, plus de 5 milliards de dollars appartenant à des criminels du monde entier ont été blanchis en Colombie-Britannique, la province la plus à l’ouest du Canada. C’est ce que révèle un rapport du gouvernement provincial. Les criminels étrangers utilisent les vides juridiques de la législation locale pour transférer les revenus de leurs activités délictuelles au Canada et les injecter dans le circuit judiciaire.

Selon les experts, Vancouver est ainsi devenue la capitale mondiale du blanchiment d’argent. Cependant, les autorités locales ont décidé d’intervenir.

Le boom des projets immobiliers haut de gamme

Cet argent a souvent été utilisé à financer des opérations immobilières. Ces dernières années,  des casinos de standing, des projets immobiliers luxueux et de concessions automobiles exclusives ont poussé comme des champignons dans cette région. De fait, le montant de 5 milliards de dollars représente l’éqauivalent de 4,6 % de l’ensemble de la valeur des transactions immobilières qui ont eu lieu au cours de cette période.

Les chercheurs accusent également le blanchiment d’argent sale d’avoir joué un rôle dans la flambée des prix de l’immobilier sur la ville de Vancouver. Sur les 5 dernières années, les prix ont augmenté de… 70 %. D’après le rapport, l’argent blanchi aurait à lui seul poussé les prix à la hausse dans une fourchette entre 3,7 % et 7,5 %.

Près de 20 % des transactions immobilières en Colombie-Britannique sont effectuées en espèces. Ainsi, 151 milliards de dollars auraient été injectés en cash dans l’économie de la province canadienne au cours des vingt dernières années. En outre, les chercheurs ont également constaté qu’il était impossible de retracer l’origine de l’équivalent de 20 milliards de dollars sur cette somme. En effet, ils appartiennent à des sociétés holdings dont les véritables propriétaires demeurent secrets.

Une brèche dans la législation

Comment l’expliquer ? Pour partie en raison de la législation de la Colombie-Britannique. Dans cette province, les courtiers en hypothèques, les prêteurs privés et les avocats ne sont pas tenus de déclarer les transactions à l’autorité de surveillance financière canadienne, le Fintrac.

Les investisseurs étrangers désireux de se débarrasser d’importantes sommes d’argent en liquide ont donc trouvé dans cette brèche une immense opportunité pour placer ce cash dans des propriétés de valeur sans qu’on leur pose aucune question. « Des centaines d’hypothèques ont été enregistrées en Colombie-Britannique et ont ensuite été remboursées rapidement. C’est un signal révélateur de pratiques de blanchiment d’argent », indiquent les chercheurs.

Dans un cas d’espèce, une unique maison avait fait l’objet de 29 hypothèques distinctes. Selon le rapport, ces flux d’argent suspects proviennent principalement de cartels de drogue mexicains, de gangs iraniens et de syndicats du crime chinois.

Le gouvernement a décidé d’agir

A Vancouver, il n’est pas rare que des étudiants étrangers résident dans des manoirs qui étaient vacants avant leur arrivée… Ce sont souvent les rejetons des propriétaires étrangers de ces demeures. Oure la commodité de disposer d’un logement de prestige proche de leur université, ils permettent à leurs parents d’esquiver les taxes locales qui s’appliquent sur les propriétés vacantes.

Cependant, le gouvernement de la Colombie-Britannique a décidé d’intervenir pour mettre fin à toutes ces pratiques. Il a décidé de créer un registre public des logements pour réduire les possibilités d’achats de biens immobiliers anonymes. Il est également prévu de modifier la réglementation pour surveiller de plus près les transactions financières.

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