Ces derniers mois, les prix des matières premières n’ont fait qu’augmenter. Une situation compliquée liée à la crise sanitaire qui n’a fait que s’aggraver avec l’invasion de l’Ukraine, de sorte que de nombreux projets se voient repousser, notamment celui de booster l’adoption des véhicules électriques par le grand public grâce à des modèles plus abordables.
La Russie ne semble pas prête à mettre un terme à son invasion de l’Ukraine, et ce, malgré les sanctions qui lui sont infligées. Une situation qui entraine des perturbations sur les marchés déjà fragilisés par la pandémie de coronavirus, mais aussi l’inflation qui en a découlé. Les prix de nombreuses matières premières ont flambé et continuent de grimper. C’est notamment le cas du nickel, du lithium et d’autres matériaux nécessaires à la production de batterie électrique. Une situation qui pourrait ralentir, voire inverser la tendance à long terme de la baisse des coûts de ces mêmes batteries, et donc nuire à l’adoption des voitures électriques par le grand public puisque leur prix pourrait rester élevé. C’est en tout cas la crainte de Gregory Miller, analyste prévisionniste de chez Benchmark Mineral Intelligence.
« La hausse des prix des matières premières a certainement le potentiel de retarder le calendrier de la parité des coûts entre les véhicules électriques et thermiques, ce qui pourrait entraver l’adoption plus large des véhicules électriques », s’inquiète-t-il.
La Russie est un important producteur de nickel, sa production représente 7% du nickel extrait dans le monde. Le prix du métal a atteint son plus haut niveau depuis 11 ans. Le pays est également un grand producteur d’aluminium et de palladium.
Un coup de frein pour les voitures électriques
Face à la hausse des prix des matières premières qui fait grimper celui des batteries, les constructeurs de voitures électriques n’ont pas d’autre choix que d’adapter leur tarif ou en tout cas de repousser leurs projets de modèles plus abordables pour booster l’adoption de ce type de véhicules.
Rivian, concurrent américain de Tesla, en a d’ailleurs déjà fait les frais. Il vient en effet d’annoncer une augmentation tarifaire de son pickup et SUV électriques de près de 20%. Augmentation justifiée par les pénuries de puces, hausse de prix générale et souci au niveau de la chaine d’approvisionnement. De son côté, Tesla a augmenté le prix de la berline Model 3 de 18% depuis décembre 2020, en raison des problèmes de chaine d’approvisionnement. Lucid, autre constructeur de véhicules électriques pourrait lui aussi revoir ses prix à la hausse pour compenser l’augmentation des coûts auxquels il doit faire face.
Le prix, un facteur essentiel
Si aujourd’hui les infrastructures mises en place pour recharger les voitures électriques poussent davantage de personnes à sauter le pas pour ce type de véhicule, le prix reste un obstacle important à leur adoption. Et l’explosion des coûts de production de ces voitures ne va évidemment pas aider.
« Tout ce qui augmente le coût empêchera l’adoption des véhicules électriques », a déclaré l’analyste de Cox, Michelle Krebs. Les consommateurs sont encore trop frileux à l’idée de passer le cap et ils ne sont pas prêts à débourser 500$ supplémentaire pour acheter un véhicule électrique, malgré des coûts d’exploitation inférieurs, a révélé une étude réalisée en 2021 par OC&C Global Speedometer sur des consommateurs provenant des États-Unis, de Chine et d’ailleurs.
Le marché automobile dans sa globalité est perturbé. Avec la hausse des prix des matières premières et des délais de livraison toujours plus longs en raison de pénuries et de problèmes au sein de la chaine d’approvisionnement, les consommateurs délaissent les voitures neuves et se tournent majoritairement vers le marché d’occasion de véhicules thermiques.
Une situation qui pourrait durer
Même si la situation en Ukraine s’améliore, les tensions avec la Russie et la dépendance de nombreux pays à son encontre pourraient avoir des conséquences sur le long terme. Certains pourraient bouder Moscou pour ses agissements et ainsi boycotter ses produits ou inversement, la Russie pourrait faire grimper le prix de ses matières premières pour renflouer ses caisses ou simplement punir ceux qui ne l’ont pas soutenu durant le conflit.
À cela s’ajoutent les goulots d’étranglement de la chaine d’approvisionnement qui trainent en longueur, ainsi que plusieurs pénuries. Les rêves des constructeurs automobiles de pousser le grand public à sauter le pas des voitures électriques pourraient être repoussés à une date indéterminée. Le secteur va continuer d’être perturbé.
Une situation qui n’a pas échappé à Elon Musk qui a déclaré sur Twitter qu’en temps de guerre, « les solutions d’énergie renouvelable ne peuvent tout simplement pas réagir instantanément pour compenser les exportations russes de pétrole et de gaz », alors que les prix de l’énergie ne font qu’exploser.