Trump ne serait-il pas allé trop loin avec le Venezuela?

Juan Guaidó, le président par intérim autoproclamé du Venezuela, reconnu par une soixantaine de pays, s’est vu interdire d’exercer une fonction publique dans son pays pendant 15 ansSelon la Cour des comptes vénézuélienne, Guaidó a « assumé des fonctions publiques qui ne faisaient pas partie de ses prérogatives et a pris des mesures conjointes qui nuisent au peuple vénézuélien avec des gouvernements étrangers ». 

Le contrôleur général de la République Elvis Amoroso, un confident du président Maduro, soupçonne également Guaidó d’avoir commis des irrégularités financières. Guaidó, soutenu par les États-Unis, le Canada et les plus importants pays de l’UE, nie fermement ces allégations. Depuis un certain temps, il fait pression pour obtenir de nouvelles élections. Le chef de l’opposition est également la figure de proue des manifestations à grande échelle contre le gouvernement Maduro.

Maduro à l’offensive ?

Malgré ces manifestations de masse, l’aggravation de la crise humanitaire, les sanctions internationales sévères et les récentes coupures de courant dans le pays, Nicolas Maduro reste l’homme fort et imprévisible du pays, accroché au pouvoir. L’armée continue de se tenir à ses côtés. En outre, il peut toujours compter sur l’aide de partenaires commerciaux influents tels que la Chine, la Turquie et la Russie. Ce dernier pays compte même 100 soldats en poste au Venezuela aujourd’hui.

Au cours des deux derniers mois, Maduro a attendu que les choses se tassent et a largement ignoré la fanfare internationale autour de Juan Guaidó. Mais ces derniers jours, il est revenu à l’offensive.

Il y a exactement une semaine, il a fait arrêter Roberto Marrero, le chef de cabinet de Guaidó, par ses services de sécurité. La décision a été accueillie avec indignation à l’échelle internationale, mais ce n’est pas allé beaucoup plus loin que cela.

L’option militaire reste irréaliste

La coalition internationale contre Maduro n’a pas beaucoup d’options. Les sanctions contre la clique qui entoure le président sont déjà en place. Une « option militaire » semble également irréaliste, surtout maintenant que les Russes sont présents à Caracas.

Maduro semble donc avoir gagné pour le moment. Car même si la situation humanitaire dans le pays reste catastrophique, le camp de Guaidó n’est pas en mesure de réaliser ses menaces, malgré le soutien de pays comme les États-Unis et l’UE. Le statu quo confère à Maduro un léger avantage pour le moment, même si l’on ne sait pas encore quelle sera sa prochaine décision.

Maduro surpasse Trump

Il semble également que Maduro soit plus malin que le président américain Trump. Le Vénézuélien profite de la présence des Russes sur son territoire pour mettre Guaidó hors jeu.

Trump sait très bien qu’une intervention militaire n’est pas une option. L’ancien Premier ministre français Dominique De Villepin, qui a vécu au Venezuela pendant 4 ans, a expliqué pourquoi récemment :

« Bien que la situation catastrophique du Venezuela ait changé le profil du Vénézuélien moyen, les Vénézuéliens ont une immense allergie pour tout impérialisme américain. Aucun pays d’Amérique latine n’est plus marqué par son opposition à l’impérialisme américain que le Venezuela.« 

Il est de plus en plus difficile d’imposer des sanctions supplémentaires car, comme l’a reconnu Trump lui-même, toutes les sanctions sont déjà en place.

Lors d’une visite à Washington de Fabiana Rosales, l’épouse de Juan Guaidó, Trump a répondu à la demande d’un journaliste en assénant que « la Russie devait quitter le Venezuela ». Mais Poutine ne semble pas trop s’inquiéter pour le moment. J’y suis, j’y reste, comme disent les Français.

Trump est pris entre le marteau et l’enclume. Parce que ne rien faire n’est pas une option et que faire quelque chose sans déclencher une escalade totale devient de plus en plus difficile chaque jour.
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