La technologie va diviser le marché du travail en 3 segments. Dans lequel vous retrouverez-vous ?

« La technologie menace de diviser le marché du travail en trois segments. L’émergence de ces segments – en particulier  le grand groupe des travailleurs précaires et mal rémunérés  – est inquiétante », dit Jonathan Portes, professeur d’économie et de politique publique au King’s College de Londres, dans le journal De Tijd. En mars, Steve Mnuchin, le ministre des Finances de Donald Trump, avait fait une déclaration remarquable à ce propos. S’exprimant dans le cadre de la conférence « News Shapers » de Washington, il a déclaré que l’intelligence artificielle ne l’inquiétait guère :

« On ne la voit même pas encore sur nos écrans radar … Il faudra encore attendre 50 ou 100 ans. Je ne suis pas du tout inquiet à l’idée que les robots puissent remplacer les humains dans un avenir proche. Au contraire, je suis optimiste ».

Ses propos en ont sidéré plus d’un, notamment dans la communauté des techs. Mark Cuban, le self-made man texan qui explique qu’il réalise 90 % de ses investissements dans le monde de l’intelligence artificielle, parce que tout évolue vers elle. En février, il avait évoqué un scénario tout à fait différent, expliquant que d’ici les 5 à 10 prochaines années,  tout le monde serait remis en cause, y compris les professionnels du monde des TIC :

« Le processus d’automatisation est sur le point d’être automatisé. Ce qui signifie qu’il ne reste plus beaucoup de temps avant que ce que nous considérions être un emploi extraordinaire, la programmation, pourrait disparaître. Ce ne sont que des maths, hein ? Et toutes ces mathématiques seront automatisées. Nous allons vivre un changement phénoménal, mais un tel changement apporte également des opportunités. Et si vous ne vous impliquez pas, vous allez être largué ».

Believers vs. non-believers

Le débat sur l’intelligence artificielle et la destruction d’emplois fait rage depuis un certain temps. Mais comme beaucoup de gens – même en politique – n’ont aucune idée de ce que l’intelligence artificielle implique réellement, on peut plutôt classer ceux qui prévoient un véritable massacre sur le marché du travail dans le groupe des «believers » (‘croyants’), et dans celui des « non-believers » (‘non-croyants’), ceux qui ne partagent pas ces préoccupations.En outre, Karl Marx lui-même n’avait-il pas prédit au début du 19ème siècle que les métiers à tisser automatiques provoqueraient le chômage de masse ? Et c’est exactement le contraire qui s’est produit. Comment est-ce possible ? La machine à tisser a permis aux fabricants de produire plus de vêtements, ce qui a rendu les vêtements moins rares et donc moins coûteux, et par la suite, la demande a augmenté et les entreprises du textile ont dû recruter plus d’employés pour faire fonctionner ces machines.

La technologie et l’automatisation sont les plus grands défis du capitalisme

Dans l’édition du weekend du journal De Tijd, Jonathan Portes, professeur d’économie et de politique publique au King’s College de Londres, se réclame de ce dernier groupe. Il qualifie la technologie et l’automatisation comme les plus grands défis du capitalisme contemporain. Ils ne vont pas détruire massivement les emplois, comme le craignait Marx, dit Portes.

Mais la technologie menace de diviser le marché du travail en trois segments:« Un premier grand groupe avec des compétences limitées risque de devenir une réserve de travailleurs flexibles qui devront joindre les deux bouts avec des contrats de court terme, ou des postes de conducteur pour Uber.À l’autre extrémité, on aura un petit groupe qui revendiquera la plus grande partie de la valeur de création des logiciels, brevets et des plateformes. Pensez aux CEOs et aux fondateurs d’entreprises.Entre les deux, il y aura des gens comme vous et moi, qui disposeront du capital intellectuel. Les gens dans ce groupe vivront correctement mais ne seront pas riches.L’émergence de ces segments – en particulier le grand groupe des travailleurs précaires et mal rémunérés – est inquiétante ».

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