L’armée russe déploierait enfin sur le terrain la « star » de ses chars de bataille : le très moderne et très peu au point T-14 Armata. Une opération de propagande qui pourrait très bien se retourner contre l’armée russe. Car un char moderne ne vaut pas grand-chose sans ses pièces de rechange et ses munitions.
La Russie envisagerait de déployer son char « le plus puissant du monde » en Ukraine, et c’est plutôt une mauvaise nouvelle pour son armée

Pourquoi est-ce important ?
Les représentants des pays de l'OTAN sont réunis en ce moment à Ramstein, en Allemagne, afin de discuter en premier lieu des prochaines livraisons de matériel militaire à l'Ukraine. Côté russe, il parait sans doute nécessaire de communiquer aussi sur sa résolution à continuer la guerre, et sur sa capacité à engager de nouveaux équipements, supposés décisifs.Dans l’actualité : selon le ministère britannique de la Défense, l’armée russe s’apprête à engager pour la première fois en Ukraine son char de combat le plus récent, le fameux T-14 Armata.
« Un char pour les gouverner tous… »
Le T-14 Armata, c’est quoi ?
- Le T-14 Armata a été dévoilé une première fois au public russe et au monde lors du Jour de la Victoire de 2015, et depuis lors, ce char de dernière génération dont la conception a commencé en 2010, attire les regards de toutes les militaires et les stratèges du monde à chacune de ses apparitions.
- Ce char marque une rupture radicale dans la conception des blindés russes, et reste jusqu’à présent unique au monde. Son équipage de trois personnes se trouve dans une capsule blindée à couches multiples au sein de la caisse, depuis laquelle il peut piloter la tourelle. Le char est en outre recouvert d’un blindage composite et réactif. Il comprend également un système de protection active Afganit.
- Avec un poids de 55 tonnes et un canon lisse de 125 mm à chargement automatique en guise d’armement principal, auquel s’ajoutent un canon de 30 mm, une mitrailleuse et un système de lance-missiles antichar.
Un engin qui peine à sortir d’usine.
- Sur le papier, le T-14 Armata est redoutable. Dans les faits, son développement a pris beaucoup de retard et il n’a jamais été soumis à l’épreuve du feu. On ne l’a guère vu que lors de défilés patriotiques.
- En 2015, il devait équiper l’armée russe à plus de 2.000 exemplaires. Des chiffres revus depuis largement à la baisse. En février 2020, on annonçait 500 T-14 pour 2027. Le nombre total de ces engins déjà livrés est inconnu, mais en 2021 il ne dépassait sans doute pas une vingtaine, estime Opex360.
- Si on ajoute que les défauts de jeunesse de l’engin ne se révèleront qu’à l’usage, et qu’il faut encore former des équipages – et former des officiers à les utiliser au mieux sur le terrain – le T-14 n’est pas près de servir d’arme miracle.
« … Et en Ukraine aller s’embourber »
Quelques chars perdus dans leur première véritable guerre.
- Toujours selon la Défense britannique, le char a été aperçu au camp d’entraînement de Kouzminka, dans le sud de la Russie, qui sert généralement de dernière étape avant le déploiement en Ukraine.
- Les dernières images satellites montrant deux de ces engins datent du 23 décembre. On ne sait pas s’ils ont depuis été envoyés en Ukraine ni combien d’engins sont concernés.
- Mais ça serait là un déploiement purement médiatique. Outre que quelques chars auront plus d’impact sur le plan médiatique que militaire, l’engin marque, on l’a dit, une rupture avec les autres blindés russes.
- Le T-14 est plus lourd et plus large que ses congénères, ce qui ne va guère faciliter son transport par train. En outre, il utilise des pièces de rechange qui ne sont pas forcément compatibles, ce qui va engorger d’autant plus la logistique russe. Déjà déficiente, celle-ci avait été confrontée au même problème quand la Russie avait sorti de leur retraite des chars… plus anciens : des T-62 complètement obsolètes qui se sont retrouvés au front.
- Même sur le point de la communication, ce déploiement pourrait mal tourner pour le Kremlin : si les Occidentaux livrent enfin leurs chars les plus récents à l’Ukraine, et que les Léopard 2 et autres Leclerc se révèlent plus dangereux que le T-14 pourtant plus récent, c’est tout le complexe militaro-industriel russe qui en sortira humilié. Tandis que les restes de ce fameux roi des chars seront étudiés avec intérêt par l’OTAN.