La Russie expérimente une version sans pilote de son char « le plus puissant au monde »

Le T-14 Armata est devenu le miroir aux alouettes de tous les experts occidentaux. Les capacités du char restent mal connues, même si l’armée russe se vante souvent de disposer du « char le plus puissant au monde ». Et voilà que Moscou annonce qu’il peut aussi être utilisé sans équipage.

Chacune de ses apparitions publiques est un petit événement en Russie : le char de combat T-14 Armata attire systématiquement le feu des caméras dans les défilés militaires, comme lors de la dernière parade du Jour de la Victoire sur le nazisme, le 8 mai, où il était encore bien en évidence. Et pour les experts militaires occidentaux, c’est une occasion immanquable d’avoir un aperçu de la bête et de ses capacités.

Et ceux-ci vont sans doute à nouveau scruter l’engin sous tous les angles car Vladimir Artyakov, un haut responsable de Rostec, la « maison-mère » d’Uralvagonzavod qui a produit ce char, a annoncé qu’une version sans pilote avait été testée. Et, toujours selon l’industriel russe, avec succès: « Le T-14 Armata a été conçu à l’origine comme un véhicule avec équipage. Mais le niveau de la technologie moderne permet aujourd’hui d’en faire un véhicule sans pilote. Nous avons effectué les tests appropriés et ils ont été concluants »

Une information impossible à confirmer, tant la conception de cette arme de guerre est entourée de secrets. D’autant qu’on ne sait pas si ce test impliquait un engin dirigé à distance, ou au contraire une arme totalement autonome. Une différence de taille.

Bardé d’armes et de technologies

Le T-14 Armata a été dévoilé au public russe et au monde lors du Jour de la Victoire de 2015. Depuis, le Kremlin l’utilise comme une arme de propagande dans tous les défilés, mais le char n’a toujours pas rejoint les rangs de l’armée russe : attendue pour 2018, sa mise en service a toujours été repoussée. Ce qui rend ce véhicule encore plus mystérieux pour les rivaux potentiels de la Russie, en premier lieu l’Otan. On ne peut qu’estimer ce qu’en a montré Moscou : c’est un char de bataille d’une cinquantaine de tonnes, armé d’un canon lisse de 125 mm, et il peut recevoir en outre des missiles anti-char Sokol, un canon de 30 mm et une mitrailleuse de 12,7 mm.

Sa principale caractéristique reste sa tourelle sans personnel : les trois membres d’équipage se trouvent tous dans la caisse, protégés dans un caisson blindé. Une manière de limiter les pertes humaines. Mais le vrai mystère reste l’équipement électronique du char : on devine des radars, des capteurs en tout genre, et des caméras à haute résolution. Selon le PDG de Rostec, Sergueï Chemezov, le char est fort automatisé dans sa version de base: « Tout sera aussi automatisé que possible. Par exemple, l’équipage n’aura pas besoin de viser avec précision. Il lui suffira de pointer approximativement le canon vers une cible. L’intelligence artificielle fera le reste. » Un avantage de taille, quand le premier char à tirer gagne souvent un duel entre deux blindés.

La Chine recycle

Même si cette version autonome du char n’est pas vouée à équiper en masse l’armée, elle inquiète toutefois les Occidentaux sur les progrès technologiques de l’armement russe. D’autant que d’autres expériences similaires seraient menées en Chine : l’Empire du Milieu chercherait à recycler ses vieux chars Type-59 en engins commandés à distance.

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