Suite aux sanctions américaines, la monnaie turque remplace progressivement la livre syrienne

Les autorités du nord-ouest de la Syrie ont commencé à remplacer la livre syrienne, en chute libre, par la monnaie turque dans les transactions courantes afin de protéger la province d’Idleb, ultime grand bastion djihadiste et rebelle, de l’effondrement économique, a déclaré lundi à l’AFP un responsable local.

Cette décision intervient avant l’entrée en vigueur mercredi d’une loi américaine baptisée « César » qui impose de nouvelles sanctions au régime syrien et ses alliés, ce qui devrait, selon des analystes, plomber davantage une livre syrienne à la dérive.

Cette dernière connaît son pire décrochage depuis le début de la guerre en 2011, propulsant les prix à des sommets historiques et entraînant la fermeture de commerces ainsi que des manifestations inédites dans les régions contrôlées par Damas.

La semaine dernière, le dollar a brièvement franchi le seuil des 3.000 livres syriennes, soit plus de quatre fois le taux officiel, fixé en mars par la Banque centrale à 700 livres pour un billet vert. Avant la guerre, un dollar valait 47 livres.

Transactions courantes

Le « gouvernement du salut » -branche civile du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham qui domine la région d’Idleb- a « ordonné aux commerçants et bureaux de change » de fournir des livres turques sur le marché, a indiqué Bassel Abdel Aziz, chargé des affaires économiques dans la région. La monnaie turque sera ainsi « utilisée dans les transactions courantes dans les territoires libérés », a-t-il ajouté, précisant que la livre syrienne continuera de circuler « mais à minima ».

La région d’Idleb, peuplée de trois millions d’habitants dont une majorité dépendent de l’aide humanitaire pour survivre, abrite plusieurs groupes jihadistes et des rebelles soutenus par la Turquie. La province rejoint d’autres régions du nord syrien, contrôlées ou influencées par Ankara, ayant adopté la monnaie turque.

Dévastée par neuf ans de guerre, l’économie syrienne est aussi fragilisée par la crise financière au Liban qui a longtemps permis d’acheminer des dollars dans les zones gouvernementales, soumises à des sanctions internationales.

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