Le « Speaker » de la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy, doit démissionner : la farce politique aux États-Unis semble interminable

Pour la première fois dans l’histoire, le « Speaker of the House », le président du Congrès américain, a été destitué de ses fonctions. Matt Gaetz, un représentant républicain de Floride, a déposé lundi soir une motion pour révoquer Kevin McCarthy, le président républicain du Congrès, de son poste. Les démocrates ont soutenu cette motion, qui n’a reçu le soutien que de 8 Républicains.

Pourquoi est-ce important ?

Après que la totale dysfonction de la politique américaine a été une fois de plus mise en évidence la semaine dernière, lorsqu'un arrêt des services gouvernementaux a été évité in extremis par un accord valable à peine 45 jours, un républicain vient maintenant de faire tomber son collègue de parti et Speaker of the House, Kevin McCarthy.

Dans l’actu : Moins de 48 heures après le dépôt d’une « motion de révocation » lundi soir, la Chambre des représentants devait voter sur le sort de son Président, Kevin McCarthy. Cela s’est produit mardi après-midi, la motion étant adoptée par 216 voix contre 210.

Les détails : McCarthy a été élu Président en janvier après pas moins de 15 tours de vote. Face à une situation qui semblait à un moment donné sans issue, il a fait de nombreuses promesses aux collègues républicains qui s’étaient retournés contre lui.

Quel est le rôle du Président de la Chambre ?

Le Président de la Chambre est le membre le plus important du Congrès américain.

  • Il ou elle est le porte-parole le plus visible et le plus autoritaire du parti majoritaire à la Chambre, dans ce cas, les républicains.
  • Le Président exprime l’agenda de son parti et explique les mesures législatives au public.

Pris en otage par son propre parti

Zoom avant : Depuis janvier, McCarthy était pris en otage par le GOP (le parti républicain, « Grand Old Party« ). Pour être élu, il a fait de nombreuses concessions et promesses à un groupe d’une vingtaine de rebelles. Des choses qu’il ne pouvait manifestement pas tenir.

  • Son élection n’a pas été un long fleuve tranquille. McCarthy n’a pas réussi à obtenir une majorité car une vingtaine de fidèles de Trump voulaient empêcher son élection à tout prix.
  • L’une des concessions qu’il a alors faites était que chaque membre de la Chambre pouvait désormais déposer une motion de « vacate the chair » (vacance de la présidence). C’est un appel à démettre le Président de ses fonctions. (Sous sa prédécesseure, Nancy Pelosi, cela nécessitait une majorité au sein du parti).
  • Ce qui devait arriver arriva. Le républicain d’extrême droite Matt Gaetz a déposé une telle motion et a remporté sa bataille mardi. McCarthy doit démissionner.

Que veut Gaetz ?

  • Gaetz reprochait surtout à McCarthy de travailler en faveur des démocrates et de continuer à financer des programmes sociaux coûteux. Il veut également se débarrasser de l’idéologie « woke », qu’il estime dominer les institutions américaines, et de la « militarisation » des principaux ministères.
  • Pourtant, Gaetz n’avait le soutien que de huit républicains. Étant donné que le GOP détient une très faible majorité de cinq voix à la Chambre (221 – 212), Gaetz comptait sur les démocrates pour voter contre McCarthy. Ce qui s’est effectivement produit. (Lisez la suite ci-dessous)
Matt Gaetz (gauche) et le leader républicain Kevin McCarthy. (Chip Somodevilla/Getty Images)

La lutte pour le pouvoir au sein du GOP ne date pas d’hier

Zoom arrière : « Les républicains sont le parti qui affirme que le gouvernement ne fonctionne pas, puis ils sont élus et ils le prouvent. » C’est une déclaration du journaliste libertaire P.J. O’Rourke, décédé l’année dernière, et il y a du vrai là-dedans.

  • La lutte pour le pouvoir au sein du GOP n’est pas nouvelle. Dès 2015, l’ancien Speaker John Boehner avait démissionné lorsque l’on avait découvert qu’une « motion de révocation » serait déposée contre lui.
  • La destitution de McCarthy va changer définitivement la Chambre des Représentants, car jamais auparavant un président n’avait été destitué.

Et maintenant ? Le Congrès se trouve actuellement en territoire inexploré. Suite au vote, une procédure a été déclenchée, obligeant le greffier de la Chambre à se référer à une liste de personnes pouvant assumer le rôle de président par intérim en l’absence du titulaire. Cette liste est confidentielle et n’est dévoilée que lorsque le poste de président est vacant.

  • Ensuite, la Chambre sera contrainte de voter pour un nouveau président, ce qui pourrait prendre un certain temps. Les membres sont censés se réunir pour discuter des prochaines étapes.

(SR)

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