Le lancement de Starship, c’est « pour bientôt » promet Musk : vraiment ?

Après celui – longtemps retardé – d’Artemis en 2022, c’est le lancement du Starship de SpaceX qui marquera l’année spatiale 2023. Si toutefois le titanesque engin accepte de décoller, et puis surtout de revenir sur Terre sans casse.

Pourquoi est-ce important ?

Rarement l'assemblage d'un vaisseau spatial n'a eu un un tel poids symbolique pour notre espèce entière que celui de ce Spaceship. Car l'engin d'Elon Musk est le plus susceptible à ce jour d'emporter l'humanité sur d'autres planètes, avec Mars en ligne de mire. La question, c'est plutôt quand il sera prêt... S'il l'est un jour.

Le vaisseau spatial au superlatif…

C’est le vaisseau de tous les records : le « full stack » de SpaceX, qui comprend le vaisseau Starship proprement dit et le surpuissant lanceur Super Heavy B4, accumule les superlatifs.

  • L’ensemble culmine à 119 mètres de haut sur son pas de tir, là où le Space Launch System de la mission Artemis I n’en faisait que 111.
  • Mais surtout ce vaisseau devrait, à terme, emporter une charge utile de plus de 100 tonnes, voire ultérieurement de 150 tonnes, avance Elon Musk. Ça fait beaucoup d’outils de provisions à emmener dans l’espace.
  • Il faut dire que le Starship doit aller très loin. Il visera d’abord la Lune, mais l’objectif d’un tel vaisseau est d’abord et surtout d’emmener une mission habitée sur Mars, ce qui nécessite donc d’emporter tout ce qui essentiel à la survie humaine, tant durant le trajet sur que la planète rouge. Des vivres, et de quoi synthétiser de l’air respirable, de l’eau potable, et du carburant pour le voyage retour. Chaque kilo compte quand il s’agit de faire vivre un équipage perdu dans le vide interplanétaire.
  • Ce nouveau lanceur aura aussi la particularité d’être entièrement réutilisable, là encore une grande première, alors que cela ne fait que quelques années que les fusées à usage unique ne sont plus considérées comme la seule option par les différentes agences spatiales.

… Mais quand va-t-il s’envoler ?

C’est sûr, le Starship fera son vol inaugural cette année, nous assurait Elon Musk, toujours enthousiaste. Sauf qu’il était certain que ça serait pour 2021, jusqu’à ce que le régulateur fédéral américain de l’aviation civile (FAA) ne cloue l’oiseau d’argent au sol pour des raisons environnementales. Le milliardaire sud-africain a ensuite passé toute l’année 2022 à assurer que ça serait la bonne. On attend toujours.

  • Pour sa défense, tout semble bien se présenter : la semaine dernière, l’engin a passé avec succès son essai de mise à feu, au cours duquel 31 des 33 Raptor 2 du Super Heavy, les moteurs de fusée qui propulseront le Starship, ont été allumés avec succès. L’un des moteurs a toutefois dû être éteint par l’équipe juste avant le test. Un autre s’est éteint tout seul. Mais Musk considère ça comme une marge d’erreur acceptable dans la victoire.
  • Tous les tests techniques ont été menés avec succès ; en théorie, la fusée est prête. Le lancement serait prévu pour le courant du mois de mars, mais il convient de se rappeler que SpaceX n’a toujours pas communiqué de fenêtre de tir précise.
  • Car d’autres facteurs entreront en compte, en particulier la météo. On l’a vu avec Artemis, dont le lancement a été reporté, entre autres, à cause du passage de la tempête tropicale Nicole, en novembre dernier. La Starbase de SpaceX se trouve au Texas, mais l’engin doit survoler le golfe de Floride, où les éléments peuvent toujours se déchainer.
  • On l’a vu avec la nouvelle fusée lunaire : un aléa technique est toujours possible, jusqu’au dernier moment. Et le Starship en a déjà eu sa part : en juillet, une explosion s’est produite à la base du véhicule durant un test, détruisant une conduite sous pression et causant des dommages marginaux au pas de tir.

90 minutes pour un vol historique

Si le lancement du mois de mars se produit bel et bien et se déroule sans accroc, les moteurs produiront leur poussée durant 15 secondes avant de s’éteindre. Le booster Super Heavy se séparera et atterrira en douceur dans la mer à environ 30 km au large du Texas. Puis le Starship poursuivra son vol en passant par le détroit de Floride, avant d’atterrir en douceur dans l’océan Pacifique à environ 100 km au nord-ouest de Kauai, dans les îles Hawaï. Le vol durera 90 minutes seulement. Mais le vaisseau qui partira pour Mars aura fait son premier vol. Et Elon Musk aura une raison de plus de se considérer comme absolument génial.

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