Southwind, la nouvelle compagnie aérienne turque qui doit charmer les touristes russes

La population russe urbaine et aisée représente un potentiel touristique non négligeable, voire capital pour certains pays. Durant le premier semestre de 2019, bien avant qu’on ne parle de Covid, les Russes étaient 2,649 millions à avoir visité la Turquie, la destination la plus courue. Ankara a donc tout intérêt à les voir revenir au plus tôt.

L’Extrême-Orient reste aussi pour eux un choix de voyage très populaire (Chine, Thaïlande et Vietnam principalement), mais il étaient aussi 1,644 millions à choisir la Finlande, 847.000 à se rendre en Estonie, 628.000 en Allemagne, ou encore 594.000 en Italie. D’autres destinations telles que l’Espagne ou Chypre restent très populaires, pour ne compter que l’Union européenne. Or, cette manne financière du voyage a été mise à mal par la guerre en Ukraine, mais la Turquie compte bien en récupérer – au moins – sa part.

Cinq avions Airbus pour ramener les Russes

C’est le but assumé de la nouvelle compagnie aérienne lancée par le gouvernement turc, et nommée Southwind. Selon le média turc consacré au transport aérien AirportHaber, cette nouvelle compagnie commencera ses opérations en mai prochain avec cinq avions Airbus, dont avec un fuselage large à double couloir, et deux à fuselage étroit, sans toutefois fournir d’autres informations sur les modèles qui seront exploités. Le même média indique que les commandes ont déjà été soumises aux autorités aéronautiques turques, qu’elles ont été acceptées et que la procédure d’incorporation sera accélérée.

Selon les premières informations, le gouvernement turc voit dans Southwind l’occasion d’amener un million de voyageurs russes dans ses centres touristiques, qui cherchent à retrouver leur bonne santé d’avant la pandémie, alors que l’économie du pays n’est pas au beau fixe, loin s’en faut.

Objectif : le retour d’un million de touristes

Selon le département des statistiques de l’OCDE, le tourisme est l’un des secteurs économiques les plus dynamiques et à la croissance la plus rapide en Turquie. En 2018, il représentait directement 7,7 % de l’emploi total, employant directement 2,2 millions de personnes. Les recettes totales générées par le tourisme récepteur représentaient 3,8 % du PIB turc. Mais ces chiffres ont été mis à mal par la pandémie de 2020, malgré les efforts du pays pour s’ouvrir à nouveau au plus tôt aux touristes étrangers.

Alors que les citoyens russes ordinaires se retrouvent coupés du monde par les actions de leurs dirigeants et que leur pays est isolé d’une bonne part du flux aérien mondial, créer une compagnie exclusivement chargée de les amener en Turquie peut en effet s’avérer payant. Istanbul peut parier que, avec le retour des beaux jours, les Russes seront nombreux à vouloir voyager, et que la Turquie, déjà populaire, les attirera d’autant plus si elle demeure une des rares destinations vers laquelle il est aisé de se rendre.

Porte dérobée vers l’UE ?

Enfin, Southwind et la Turquie peuvent représenter une porte dérobée pour l’Union européenne. Si aucun pays n’a, à ce jour, interdit d’entrée les visas russes, il n’en demeure pas moins très difficile de rejoindre l’UE alors que les compagnies du pays sont interdites d’accès, et que les compagnies européennes ont massivement déserté le ciel russe.

Les Russes qui en ont les moyens pourraient donc envisager de voler jusqu’à la Turquie pour ensuite prendre un autre vol à destination d’une capitale de l’Union. Une planche de salut possible pour de nombreuses personnes séparées de leurs proches vivant dans l’UE, de leur conjoint(e) de l’étranger, voire, et ils sont de plus en plus nombreux, désireux de quitter le pays.

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