Sous pression de la Flandre, l’Open VLD et le PS s’écharpent à nouveau sur le fonds d’aide aux victimes des inondations

La proposition de Thomas Dermine (PS) de créer un fonds de réparation des dégâts dans la vallée de la Vesdre, d’un montant de 1,2 milliard, dont 600 millions proviendraient fédéral, continue de faire du bruit rue de la Loi. Car une fois de plus, peu de personnes étaient au courant de la communication du PS au préalable.

  • Fait intéressant, sur Twitter, le professeur gantois Stijn Baert s’est immiscé dans le débat, comme il le fait souvent sur les questions économiques. Avec une certaine obsession qui revient en boucle: qui va payer ? « Pendant des décennies, la Wallonie n’a pas réussi à se réformer et donc à renforcer sa région. Et maintenant de constater que le budget ne peut pas faire face à l’urgence. Ensuite, ils comptent sur l’argent flamand. Pour qu’ils puissent continuer de ramper. C’est le syndrome hollandais (Hollandse Ziekte) en pratique », écrit-il.

Le « syndrome hollandais » est le phénomène que les économistes décrivent comme se produisant (généralement à la suite d’une découverte de gaz ou de pétrole) lorsqu’un afflux soudain de capitaux ou de ressources externes fait plus de mal que de bien à l’économie.

  • L’occasion était trop belle à saisir pour Bart De Wever, le président de la N-VA, qui amène le débat au niveau communautaire: « La Wallonie se dirige vers le scénario grec, où le FMI a finalement dû intervenir. La main reste tendue, mais au niveau fédéral aussi, l’argent est épuisé depuis longtemps. La Flandre fera toujours preuve de solidarité envers les personnes dans le besoin, mais les conditions et les réformes doivent enfin y être liées. »

Comprendre: si la Wallonie en arrive au scénario grec, elle devra mener des réformes contre de l’argent, comme ce fût le cas pour la Grèce en 2010 suite à l’appui du FMI et l’Union économique et monétaire.

  • Dermine ne pouvait pas laisser passer : « Il faut arrêter ce discours communautaire envers les victimes des inondations. C’est indécent. Personne n’a choisi d’être victime de ce désastre. Ni en Flandre, ni en Wallonie. Le modèle belge n’est pas le plus généreux. Loin de là. Si le niveau fédéral faisait autant que le gouvernement fédéral allemand, les régions touchées recevraient trois fois plus de soutien », a-t-il déclaré.

  • « Par rapport aux autres pays de l’UE, les transferts entre régions en Belgique sont assez limités. Même si je ne veux pas nier que la Wallonie doit s’améliorer », a ajouté le secrétaire d’État à la Relance.
  • Et c’est alors que le président de l’Open Vld, Egbert Lachaert, toujours à la recherche d’une ligne de conduite pour son parti, est entré dans la discussion : « Il est vrai que nous ne devons pas faire des inondations un thème communautaire. Mais à la solidarité s’oppose la responsabilité : trop de secteur public, trop peu d’initiatives privées, trop de dépenses publiques – (trop de socialisme et trop peu de libéralisme) = peu de marge de manoeuvre », a-t-il tweeté.

On peut douter que ce genre de commentaires contribue à maintenir intactes les relations entre le PS et Open Vld. Mais l’Open VLD fait face à un tout autre paysage politique au nord du pays. Il doit montrer que les vannes ne sont pas éternellement ouvertes.

  • Le PS considère pourtant comme un minimum qu’il y ait un soutien du niveau fédéral dans ce dossier. Les sondages montrent une punition pour le PS, notamment pour sa gestion des inondations. Le PS doit donc montrer qu’il se bouge. D’ailleurs les socialistes rappellent qu’il y avait déjà des contacts approfondis entre le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) et le Premier ministre fédéral Alexander De Croo (Open Vld). Ce dernier a adopté une attitude plus apaisante dans Het Laatste Nieuws : une solution viendra quoi qu’il arrive, comprend-on.

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