Avec le nombre croissant de satellites en orbite, dont des modèles de plus en plus grands, les astronomes craignent que leur vue du ciel soit de plus en plus obstruée. Stijn Ilsen, ingénieur spatial, explique à Business AM Radio pourquoi il en est ainsi et ce que l’on peut faire pour y remédier.
Les astronomes s’inquiètent du nombre croissant de satellites : « Cela peut nuire à la détection d’astéroïdes dangereux »
Pourquoi est-ce important ?
Les astronomes, afin de trouver certains éléments comme les astéroïdes qui peuvent représenter un danger potentiel pour la Terre, prennent constamment des photos du ciel nocturne. Mais avec le nombre croissant de satellites et de débris spatiaux, il leur est de plus en plus difficile de mener à bien leur travail.L’essentiel : bien que les astronomes tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années, de plus en plus de satellites – et de plus en plus gros – sont mis en orbite. Une Lune artificielle lancée dans l’espace en septembre 2022, BlueWalker 3, est le dernier coupable dans cette histoire.
- « Il y a de toute façon des milliers de satellites au-dessus de nos têtes, donc ces astronomes ne sont pas seulement gênés par BlueWalker 3. Mais le vrai problème, c’est que BlueWalker est si grand », dit Ilsen.
- Selon l’expert, l’antenne du satellite mesure 8 mètres sur 8 mètres. « Parce que cette antenne est si grande et si plate, elle reflète la lumière du soleil vers la Terre. Si vous regardez ensuite les étoiles, vous y voyez ce satellite qui traverse votre image. » Au risque de réduire la valeur scientifique des photos.
- Cela pourrait rendre plus difficile la recherche d’astéroïdes dangereux, prend pour exemple Ilsen. « Supposons que vous preniez des photos d’étoiles qui ne bougent pas, alors ce ne sont que des points sur votre photo. Or, tout ce qui apparait comme un tiret pourrait potentiellement être un astéroïde qui pourrait ou non représenter un danger pour la Terre. » Si des satellites comme BlueWalker 3 apparaissent de manière semblable sur les clichés, il sera difficile, à terme, de distinguer ce qui est ou n’est pas un astéroïde.
Des BlueWalker par centaines
La menace : des satellites encore plus grands pourraient bientôt être lancés en grande quantité.
- « Le gros problème pour les astronomes est qu’il ne s’agira pas d’un seul BlueWalker 3. Ils prévoient une centaine d’autres « versions étendues » de BlueWalker 3, qui doubleront en fait de taille. »
- Les grandes antennes des satellites devraient permettre à l’antenne du récepteur d’être plus petite. Cela pourrait permettre aux gens d’utiliser l’internet par satellite même sur leurs smartphones.
- Cependant, les astronomes avertissent aujourd’hui qu’il faut faire quelque chose avant que tous ces gros satellites ne soient mis sur orbite. D’après Ilsen, il y a quelques mesures à prendre pour limiter les dégâts.
- « Avec Starlink, il y a aussi eu des problèmes au début. SpaceX a ensuite rendu ces antennes plus noires, afin qu’elles réfléchissent moins de lumière et soient donc moins visibles. Il existe donc bel et bien des technologies permettant de réduire la réflexion des grandes antennes », illustre l’expert.
- Mais la meilleure solution pourrait être une sorte de cadre réglementaire, ce qui n’existe pas pour l’instant, dit Ilsen. « Il y a très peu de réglementation dans l’espace. Si vous voulez envoyer une voiture dans l’espace, comme cela s’est produit il y a quelque temps, vous envoyez simplement une voiture dans l’espace. Il existe aujourd’hui très peu de réglementations concernant le lancement de très gros satellites, potentiellement réfléchissants, qui entraînent une pollution lumineuse. »
MB