Sans les Russes, clap de fin pour la mission ExoMars qui devait être -enfin- lancée cette année ?

L’Agence spatiale européenne espérait enfin lancer son rover martien en septembre dernier, en collaboration avec l’agence russe Roscosmos. Mais la guerre en Ukraine a changé la donne, et un nouveau report semble bien plus probable qu’un lancement, alors que le programme a déjà accumulé plusieurs années de retard.

Il y a des projets sur lesquels les retards s’accumulent tellement qu’on commence sérieusement à douter de les voir sur les rails de son vivant. C’est le cas de beaucoup de grands chantiers en Belgique bien sûr, mais aussi du programme ExoMars. Cet ambitieux double projet piloté par l’Agence spatiale européenne (ESA) compte un orbiteur, ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO), lancé en 2016 avec pour mission d’étudier la composition de l’atmosphère martienne, mais aussi et surtout le rover Rosalind Franklin qui doit explorer la surface de la planète.

Les Américains se retirent, les Russes arrivent au secours…

Sauf que le robot explorateur aurait dû partir en 2018. Le programme ExoMars accumule les retards depuis le début : initialement envisagé en partenariat avec les États-Unis, celui-ci a bien failli tomber à l’eau quand la NASA s’est retirée du projet.

Mais en 2012, c’est l’agence russe Roscosmos qui est arrivée juste à temps pour sauver les meubles tout en offrant les services de son fameux lanceur, la fusée Proton, ainsi que des instruments scientifiques supplémentaires. Une coopération qui a permis de mener à bien la première partie du projet, mais qui n’a pas empêché les délais de s’accumuler pour le second lancement. Rosalind Franklin et son atterrisseur devaient partir pour Mars en 2018, mais les activités industrielles européennes et russes avaient accumulé trop de retard. L’atterrisseur et son passager ne pouvaient partir avant 2020, mais cette fois ce sont les parachutes, les équipements électroniques et le programme de vol qui faisaient défaut.

…Et puis voila la guerre

Finalement, tout semblait enfin prêt pour un lancement pour septembre 2022, les Russes ayant même mis au point leur plateforme d’atterrissage Kazachok entretemps, qui pouvait accueillir des appareils scientifiques supplémentaires.

Mais suite à la situation géopolitique, ce calendrier-là aussi s’avère maintenant fort peu probable. Lors de son Conseil, prévu les 15 et 16 mars, l’Agence spatiale européenne devrait passer en revue les alternatives qui s’offrent à elle quant à la suite à donner à ce programme, signale Futura.

Si un report de deux ans est la solution la moins douloureuse et la moins contraignante pour le programme, celui-ci se retrouve bien trop avancé tant du côté de l’ESA que de Roscosmos pour que les Européens puissent se passer des Russes et continuer seul. L’agence européenne signale toutefois que tous les éléments de la sonde sont restés en sa possession dans ses usines de Turin, ce qui rend la situation moins inconfortable que pour OneWeb par exemple, dont les satellites avaient déjà été livrés aux Russes. Mars attendra donc encore jusqu’en 2024 pour voir débarquer l’astromobile de l’ESA. Avec l’aide de quelle fusée, ça, c’est encore une bonne question.

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