« Business as usual » pour les lancements de satellites OneWeb par la Russie depuis Baïkonour, mais ça ne plait pas à tout le monde

La guerre en Ukraine rabat les cartes de toutes nos relations avec la Russie, qu’elles soient diplomatiques, économiques, voire artistiques. Mais dans le domaine spatial, l’affaire est complexe, car ce pays reste très difficile à contourner dès qu’il s’agit d’envoyer quelque chose ou quelqu’un en orbite.

Ce vendredi un lanceur Soyouz décollera de Baïkonour, la base spatiale russe située au Kazakhstan. Il transportera pas moins de 36 satellites de petite taille, destinés à densifier le réseau OneWeb, une galaxie qui devrait compter environ 650 petits engins afin de fournir un accès à Internet à haut débit dans les régions mal desservies par des liaisons terrestres, un peu comme le fait déjà Starlink.

Indignation britannique

Bien sûr, un calendrier des lancements dans l’espace est quelque chose qui se prévoit des mois à l’avance, bien avant donc que des bouleversements géopolitiques ne viennent le perturber. Il n’empêche que le timing est mal choisi, alors que l’invasion de l’Ukraine est en train de faire de la Russie un État paria, et des voix s’élèvent pour déplorer cette collaboration entre OneWeb et l’agence spatiale étatique russe, Roscosmos. Parmi elles, Darren Jones, membre du Parlement britannique et président de la commission des affaires, de l’énergie et de la stratégie industrielle de la Chambre des communes.

Jones a envoyé une lettre à George Freeman, ministre britannique des Sciences, de la Recherche et de l’Innovation, lui demandant si le ministère de M. Freeman « considère cette situation comme inappropriée compte tenu de la situation actuelle. » La lettre, que Jones a partagée via Twitter, note que le gouvernement britannique a aidé à racheter la société londonienne OneWeb pour la sortir de la faillite et a donc son mot à dire dans les affaires qu’elle mène. M. Jones demande à M. Freeman si son ministère « a l’intention d’intervenir dans cette situation en s’engageant auprès du conseil d’administration de OneWeb en sa qualité d’actionnaire principal » et évoque également la possibilité d’aider OneWeb à trouver d’autres fournisseurs de lancements.

OneWeb a déjà réglé la facture

OneWeb n’a donné aucune indication laissant penser que le lancement de vendredi ne se ferait pas comme prévu. « La société elle-même a fait peu de déclarations publiques à ce sujet », écrit la BBC. Il faut aussi préciser que les satellites en question ont déjà été confiés à Roscosmos, qui a mené jusqu’ici la totalité des lancements destinés au réseau OneWeb. Pour la société, retirer ses pions maintenant équivaudrait à risquer de perdre ses précieux engins, d’autant qu’en plus, elle a déjà payé pour ce service de livraison spatiale. Mais pour les lancements qui pourraient être programmés ultérieurement, la question reste en suspens. Cela dit, ce n’est pas la Grande-Bretagne seule qui pourra assurer le placement en orbite de ces futurs satellites, du moins pas à court terme.

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