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L’efficacité du plafond des prix du pétrole contre la Russie touche à sa fin

L’efficacité du plafond des prix du pétrole contre la Russie touche à sa fin
Le président russe, Vladimir Poutine – Kremlin Press Office/Handout/Anadolu Agency via Getty Images

Les sanctions imposées à la Russie sont de plus en plus souvent ignorées. Le pays contourne notamment le prix plafond fixé pour la vente de son pétrole.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis l'invasion de l'Ukraine par Poutine, les pays occidentaux ont imposé des sanctions pour tenter de tarir autant que possible les flux financiers vers ce pays. Moins de revenus pour la Russie devraient compliquer ses efforts de guerre. Pourtant, la Russie parvient à contourner ces sanctions.

Dans l’actualité : Près des trois quarts du pétrole russe sont vendus au-dessus du plafond de prix fixé à 60 dollars le baril.

Selon les données d’assurance et de transport, le Financial Times estime qu’environ trois quarts du pétrole brut russe sont expédiés sans assurance occidentale. Cette assurance était censée garantir que le pétrole n’était pas vendu à plus de 60 dollars le baril.

  • Comparé au printemps dernier, il semblerait aujourd’hui que 50% de pétrole russe supplémentaire échappe à ce plafond de prix.
  • Selon la Kyiv School of Economics (KSE), la combinaison d’une hausse des prix du pétrole à l’échelle mondiale et du contournement réussi de ce plafond impliquerait que les revenus de la Russie provenant du pétrole soient cette année supérieurs de 15 milliards de dollars à ce qu’ils auraient dû être en vertu des sanctions.
  • Il faut aussi noter que les prix du pétrole sur les marchés internationaux sont en hausse depuis fin juin.
    • Cette situation est en partie due à une réduction de production organisée par le cartel des pays producteurs de pétrole, l’OPEP. En diminuant l’offre, ils font monter le prix.
    • De plus, l’économie s’est révélée plus performante que prévu ces derniers mois. Au début de 2023, une récession aux États-Unis semblait plausible. Aujourd’hui, nous observons que de nombreuses économies se sont avérées plus solides que prévu, d’où une demande qui est restée stable.

Flotte fantôme

  • Les assurances occidentales offraient une sorte de garantie que le pétrole serait vendu en dessous du plafond. Lors de sa mise en place en décembre, ça semblait efficace. Le prix du pétrole russe avait chuté à 40 dollars, pendant que Moscou cherchait désespérément de nouveaux acheteurs. À cette époque, la Russie dépendait encore des services occidentaux pour l’exportation de son pétrole.
  • Cependant, quelques mois plus tard, une « flotte fantôme » était déjà opérationnelle. Il s’agissait d’une flotte de pétroliers transportant secrètement du pétrole russe, sans les assurances occidentales et donc sans surveillance. Grâce à des intermédiaires, des agents, des fournisseurs, des destinations fictives, etc., la Russie parvient à contourner le plafond de prix.


Interdiction du diesel

  • « Compte tenu de ces changements dans la manière dont la Russie expédie son pétrole, il pourrait être très difficile à l’avenir de maintenir le plafond de prix de manière significative », estime Ben Hilgenstock, économiste à la KSE, auprès du FT.
  • De plus, cette semaine, la Russie a cessé d’exporter du diesel et de l’essence. Les analystes y voient un signe que Poutine veut perturber les marchés pétroliers, comme il l’a fait l’année dernière avec les prix du gaz. À court terme, cela pourrait entraîner une perte de revenus pour la Russie, mais si les prix augmentent, Poutine pourrait récupérer ces revenus perdus avec intérêt.

(SR)

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