Réduire notre impact écologique, une question qui se pose même à l’heure de notre mort

La mort est inévitable. Nous y passerons tous un jour. Mais les rites funéraires qui entoureront notre trépas diffèrent selon notre culture ou nos croyances. Et le fait est qu’à l’image de notre vie, notre mort peut avoir un impact plus ou moins important sur l’environnement. À l’heure de l’urgence climatique, il serait de bon ton de se poser la question. En prévision pour le jour J.

Limiter notre influence sur l’environnement peut se faire par des actions au quotidien, sauf que notre responsabilité s’étend bien au-delà de notre vie. En tant qu’être vivant fait de chair et de sang, influencé par une société, des rites culturels et religieux, nous continuerons d’avoir un impact écologique même après notre mort. La manière dont notre corps est embaumé, mais aussi conservé – ou non – entraîne plus ou moins de pollution environnementale.

Sachant que nous serons bientôt 8 milliards d’êtres humains sur Terre, avec un nombre incalculable d’ancêtres, la question de l’inhumation à l’heure de l’urgence climatique ne peut plus être ignorée.

Pour limiter les effets sur l’environnement, le mieux reste d’inhumer les corps dans des conditions qui leur permettront de retourner le plus rapidement possible à la terre – à la nature. Le processus de décomposition peut en effet être fortement ralenti par la manière dont les corps ont été traités pour être conservés et entreposés. Quelles conditions doivent être réunies alors pour accélérer le processus et ainsi réduire l’impact écologique des défunts ? C’est une question à laquelle une équipe de chercheuses de l’Université de Murdoch, Paola Magni et Edda Guareschi, a tenté de répondre.

Des pratiques qui diffèrent pour de nombreuses raisons

Les rituels funéraires divergent fortement des cultures et des religions. Ainsi, bien que l’Église catholique autorise la crémation depuis les années 1960, elle préfère toujours les enterrements, soulignent les chercheuses. Cela se remarque d’ailleurs fortement dans les pays où le catholicisme est la religion dominante, notamment en Italie, en Irlande ou au Portugal. La crémation représente moins de 10% des pratiques funéraires dans ces pays.

Dans la religion musulmane, les défunts sont toujours censés être enterrés au terme d’un rituel qui s’étale sur plusieurs heures, alors que dans la religion hindoue, l’incinération est prescrite. Mais la religion n’est pas toujours la raison pour laquelle telle ou telle pratique est privilégiée. Quelles que soient les raisons, les pratiques funéraires traditionnelles dans les pays industrialisés ont plus ou moins d’effets nocifs sur l’environnement.

  • Les cercueils faits de bois et de métal peuvent libérer des produits chimiques nocifs dans la terre, notamment en raison de la peinture dont ils sont recouverts, mais également de leurs conservateurs et de leurs alliages.
  • À plus long terme, les produits chimiques pour embaumer le corps peuvent également se répandre dans le sol et le contaminer, ainsi que les cours d’eau à proximité.
  • La crémation entraîne également d’une empreinte carbone puisque le corps, disposé dans un cercueil particulier, est brûlé, libérant des composés volatils toxiques dans l’air. Cette pratique produit chaque année des millions de tonnes de dioxyde de carbone.

Pourtant, les alternatives écologiques ne manquent pas

Elles se sont d’ailleurs multipliées au fil des années, que ça soit par souci écologique ou par simple envie de « retourner à la terre » plus rapidement, avec moins de fioritures. On peut notamment citer :

  • La promession qui consiste à congeler le corps à -18°C avant de le plonger dans de l’azote liquide pour le rendre friable. L’idée ensuite est de transformer le corps en poudre inodore et de le placer dans une urne dégradable. Au bout de 6 à 12 mois, les restes libérés dans la terre seront transformés en compost.
  • L’aquamation ou crémation par l’eau consiste à dissoudre les chairs du corps placé un caisson rempli d’un mélange d’eau et de produit alcalin. Au bout de quelques heures, il ne reste plus que les os qui sont ensuite réduits en poussière et placés dans une urne qui sera remise aux proches.
  • L’humusation qui consiste à accélérer le processus de décomposition avec l’aide de la nature. Le corps est placé dans un jardin dit de métamorphose, sur un lit composé de feuilles et de troncs broyés riches en micro-organismes, ainsi que d’accélérateurs de décomposition naturels. Il est ensuite recouvert du même mélange et peut ainsi entamer sa décomposition. Au terme de 12 mois, le corps sera alors transformé en humus sain et fertile.

Des options plus écologiques encore assez peu répandues. En Belgique, l’humusation et l’aquamation ne sont légalement autorisées qu’à Bruxelles. L’alternative la plus simple reste de privilégier des cercueils « verts », composés de matériaux naturels (osier, carton, canne à sucre, en laine) et dépourvus d’attaches en métal.

Une question à se poser de son vivant

Il est rare de réfléchir à la manière dont vont se dérouler nos obsèques. Outre le fait que nous ne serons pas en mesure d’en profiter, c’est une question qui ne s’impose à nous qu’à partir d’un certain âge, et encore. Et pourtant, élaborer un plan et surtout réfléchir aux différents détails de notre mise en bière notamment pourraient rendre la tâche plus facile à nos proches encore en vie au moment venu.

Que ça soit pour des raisons écologiques ou simplement par envie de ne pas être un poids pour notre proche pendant des années, les options plus respectueuses de l’environnement sont de vraies alternatives. Elles sont d’ailleurs moins chères que les cercueils en bois massif, par exemple.  

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