Qui est Amanda Gorman, la jeune poétesse aux ambitions présidentielles?

Amanda Gorman, 22 ans, a fait fondre plus d’un téléspectateur hier avec son message d’espoir énoncé en vers. Elle est la plus jeune poétesse à avoir jamais participé à une investiture présidentielle. En 2036, elle espère devenir elle-même présidente. Qui est cette jeune artiste, qui se dit ‘fière de faire partie du club des personnes souffrant de troubles de la parole, à l’image de Biden’ ?

À 22 ans, la charismatique Amanda Gorman est entrée dans l’histoire comme la plus jeune poétesse à avoir pris la parole lors d’une cérémonie d’investiture. Six poètes l’ont précédée, dont deux femmes: la défunte Maya Angelou (alors âgée de 64 ans), lors de l’investiture de Clinton en 1993, et Elizabeth Alexander (alors âgée de 45 ans), qui s’était exprimée lors de l’inauguration d’Obama en 2009.

C’est la première dame, Jill Biden, qui a demandé à Gorman, fin décembre, si elle voulait bien réciter un poème lors de l’investiture présidentielle, sur le thème général d’‘une Amérique unie’. Le choix de la jeune poétesse n’est pas venu de nulle part. Gorman a grandi à Los Angeles avec sa sœur jumelle Gabrielle et sa mère célibataire, enseignante. À 19 ans, en 2017, elle s’est vue attribuer le titre de National Youth Poet Laureate. Elle a étudié la sociologie à l’université de Harvard et a terminé ses études avec mention l’année dernière.

Avril 2017. Amanda Gorman récite un poème à New York, juste avant d’être couronnée comme meilleure jeune poétesse du pays. Crédit : M. Stan Reaves/REX/Shutterstock.

‘J’écris des poèmes depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, depuis l’âge de quatre ou cinq ans’, a-t-elle déclaré dans une interview accordée à la radio américaine NPR. Un professeur qui lui a fait lire le roman Le vin de l’été de Ray Bradbury au lycée a encore plus attisé sa flamme littéraire. En 2015, elle a publié son premier recueil de poèmes, The One for Whom Food Is Not Enough. Les principaux thèmes qu’elle y a abordés furent le racisme, l’oppression et le féminisme.

Inspirée par Martin Luther King

Son poème pour le discours d’inauguration, The Hill we Climb, était presque terminé début janvier. ‘J’avais déjà fait beaucoup de recherches’, a-t-elle déclaré hier à CNN. ‘J’ai lu les poèmes des poètes des investitures précédentes et j’ai puisé mon inspiration dans les œuvres d’Abraham Lincoln, de Martin Luther King Jr. et de Winston Churchill, entre autres. Le 6 janvier, à peu près à mi-chemin de ma préparation, le Capitole a été pris d’assaut. Cela m’a donné un regain d’énergie pour continuer à finir mon poème. Je voulais que ce soit un message d’espoir’.

Pour son discours, Amanda s’est inspirée, entre autres, de Martin Luther King Jr, Winston Churchill et Abraham Lincoln.

Le contenu du poème est tout à fait conforme au discours de Biden, qui veut un avenir meilleur et plein d’espoir. ‘Où pouvons-nous trouver de la lumière dans cette ombre éternelle ?’, a-t-elle déclamé. ‘Nous n’étions pas prêts à devenir les héritiers de cette terrible époque. Mais nous avons trouvé en nous la force d’écrire un nouveau chapitre, d’espoir et de joie’. ‘La démocratie peut être mise de côté temporairement, mais jamais vaincue à jamais’, figurait également dans son poème.

Le ‘club de ceux qui ont un trouble de la parole’

Ce que Gorman a également en commun avec Biden, c’est un trouble de la parole. Le nouveau président ne cache pas qu’il bégaie beaucoup et la jeune poétesse a longtemps elle aussi souffert de problèmes d’élocution. ‘Je suis fière d’appartenir au club des personnes souffrant de troubles de la parole, qui comprend Biden et vous-même’, a déclaré Gorman en riant au journaliste de CNN qui a admis avoir lui aussi bégayé dans le passé.

‘Depuis que je suis enfant, je saute certaines lettres. Jusqu’à il y a deux ou trois ans, je ne pouvais pas dire la lettre « r ». Aujourd’hui, cela arrive encore parfois. Bien sûr, c’est difficile quand on veut dire « rise » cinq fois dans un poème.’

Elle s’est servie de sa passion pour le langage, l’écriture et la récitation pour apprendre à faire face à ce trouble. Aujourd’hui, elle a fait de grands progrès. Et la comédie musicale « Hamilton » l’a également entraînée dans cette voie, inspirant à deux reprises son discours d’hier, comme l’ont remarqué les téléspectateurs les plus attentifs.

‘J’ai souvent écouté la chanson « Aaron Burr Sir » de Hamilton, une chanson avec beaucoup de « r ». Si je peux chanter cette chanson, je devrais aussi pouvoir la déclamer, me suis-je dit. Mais en plus de cela, Hamilton est aussi une source d’inspiration car il s’agit d’une leçon importante sur la façon de devenir un meilleur pays’.

Présidente en 2036?

Comment l’Amérique peut-elle devenir un meilleur pays ? Gorman a sa petite idée sur la question. Dans une interview accordée au LA Times en 2017, elle a déjà confié qu’elle aspirait à devenir présidente en 2036 . Le fait que Kamala Harris soit devenue la première femme afro-américaine à devenir vice-présidente a encore renforcé sa détermination. ‘Une fois que les petites filles peuvent le voir, les petites filles peuvent le devenir’, a-t-elle souligné.

Enfin, elle a révélé à CNN le rituel inspirant qu’elle répète chaque fois qu’elle doit réciter un poème – qu’elle a encore reproduit mercredi. ‘Je ferme les yeux et je dis : I’m the daughter of black writers. I’m descendant from freedom fighters. Who broke their chains and changed the world. (Je suis la fille d’écrivains noirs. Je suis la descendante des combattants de la liberté. Qui ont brisé leurs chaînes et changé le monde.)

Une jeune femme avec de l’esprit, qui n’a échappé ni à Barack Obama ni Hillary Clinton, entre autres. Pour conclure avec un extrait d’une autre comédie musicale célèbre… Remember her name.

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