Prolongation du nucléaire: la position d’Engie dans les négociations avec la Vivaldi s’affaiblit

La fermeture définitive du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne, n’est rien moins qu’une catastrophe pour le géant français de l’énergie. Engie avait investi des milliards dans ce projet.

  • Engie est un important fournisseur de gaz dans son propre pays, avec de nombreux contrats fixes et plafonnés. Ceux-ci sont désormais un boulet au pied l’entreprise.
  • Toute la stratégie d’Engie part en lambeaux, l’action a sombré dans des profondeurs sans précédent à la bourse de Paris et en quelques semaines, 10 milliards d’euros de valeur boursière se sont évaporés.
  • En outre, le bénéfice excédentaire réalisé en Belgique sur leur parc nucléaire restant, environ 1 milliard l’année dernière, est l’un des rares points positifs pour les Français.
  • La conséquence immédiate est que le gouvernement fédéral peut commencer à parler avec plus d’assurance à Paris, si Doel 4 et Tihange 3 peuvent effectivement rester ouverts : les Français aussi ont plus que jamais besoin d’un certain nombre de sources de revenus garantis.
  • Et leur principal actionnaire se trouve à l’Élysée : l’État français possède plus de 20 % de la société. Or, Emmanuel Macron présentera dans les deux prochains jours ses plans pour l’indépendance énergétique européenne, avec l’énergie nucléaire comme pilier important.
  • En ce sens, les événements récents constituent une incroyable aubaine pour les partisans de l’énergie nucléaire au sein de la Vivaldi. La question est de savoir jusqu’où ils peuvent aller, avec un partenaire de coalition écologiste qui continue de résister, malgré son changement de discours. La loi de 2003 sur la sortie du nucléaire en est un élément central.
  • Cette loi stipule que les centrales électriques doivent fermer. La question est de savoir si elle sera modifiée désormais et comment : y aura-t-il un report de la date limite de fermeture (jusqu’en 2025), ou bien la loi sera-t-elle simplement jetée par-dessus bord ? Les libéraux veulent la 2e option, et ont déjà le regard porté vers de nouvelles centrales, de quatrième, voire de cinquième génération.
  • Mais il s’agit vraiment un totem pour les Verts : pas question à long terme de prolonger le nucléaire, ils veulent simplement repousser l’heure de fermeture définitive. La discussion risque donc d’être très vive au sein de la Vivaldi, car dans le même temps, le MR pousse pour prolonger davantage que les deux réacteurs les plus jeunes.
  • Par ailleurs, la journée d’aujourd’hui promet d’être intéressante dans l’hémicycle : car il y a des auditions avec la CREG, le gestionnaire de réseau. Il y a quinze jours, les experts ont publié un rapport sur la sortie du nucléaire, dans lequel ils attaquent frontalement le gestionnaire du réseau, Elia. Ils l’accusent d’avoir livré un dossier truffé d’erreurs. Ce rapport est apparu en ligne, puis a été soudainement retiré. La question est de savoir ce qui s’est passé exactement.
  • Entre-temps, la CREG s’est officiellement prononcée contre la sortie du nucléaire et s’est montrée particulièrement critique à l’égard des nouvelles centrales au gaz.
  • L’avis officiel d’Elia, le gestionnaire du réseau électrique, est lui toujours attendu pour le 18 décembre, date de la décision sur la prolongation ou non du nucléaire.

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