En novembre, les importations de diesel russe en Europe ont plus que doublé, par rapport à octobre. Les traders profitent des derniers jours pour acheter le diesel russe, moins cher, avant l’entrée en vigueur de différents embargos européens.
Embargo sur le pétrole russe : l’Europe fait un dernier gros plein de diesel auprès de Moscou

Pourquoi est-ce important ?
Les produits énergétiques russes remplissent le coffre de guerre de Poutine. L'Europe veut s'en sevrer, comme sanction contre Moscou. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les importations de pétrole ont chuté de moitié.Dans l’actu : L’embargo européen sur le pétrole brut russe entre en vigueur le 5 décembre, celui sur les produits pétroliers raffinés le 5 février l’année prochaine. En attendant, les négociants européens se ruent sur le diesel russe.
- Entre le premier et le 12 novembre, les cargaisons de diesel russe à destination de la région appelée ARA, pour Amsterdam – Rotterdam – Anvers, sont passées à 215.000 barils par jour. C’est 126% de plus qu’en octobre, selon les données de Pamela Munger, de la société d’analyses du marché de l’énergie Vortexa, citée par Reuters.
- Autres chiffres : sur les trois premières semaines de novembre, 44% des importations de diesel en Europe viennent de Russie. En octobre, le ratio était de 39%, selon Refinitiv.
L’essentiel : un dernier plein avant les embargos.
- Les négociants européens profitent de la dernière occasion qu’ils ont pour acheter du diesel russe, moins cher. Ce n’est pas uniquement l’embargo de l’UE qui entrera en vigueur, mais aussi un embargo décrété par l’ICE Europe Futures, la bourse où sont négociés les carburants et autres produits énergétiques.
- Dès le 30 novembre, les produits pétroliers russes ne seront plus admis dans les capacités de stockage de la région ARA ; du moins pour être revendus via des contrats à terme négociés au sein de l’ICE, ayant comme date de livraison le mois de janvier.
Le contraste : Pas vraiment de dernier sprint pour le brut.
- Ces quatre dernières semaines, 95.000 barils par jour de pétrole brut russe ont été importées dans le port de Rotterdam, selon les données de Bloomberg. C’est beaucoup moins que les 1,2 million de barils par jour d’avant-guerre. Une baisse de 92%, pour être exact.
- C’est le seul port d’Europe du Nord à encore importer du brut russe. Le Royaume-Uni, la Lituanie, la Suède, la France et l’Allemagne ont progressivement arrêté, depuis l’invasion.
- Mais ailleurs en Europe, les importations augmentent. C’est notamment le cas en Italie, où la quantité est de 300.000 barils par jour depuis juillet, contre une quantité négligeable avant la guerre. En Bulgarie aussi les importations ont augmenté, mais elles ont été réduites à presque zéro en Roumanie.
A l’avenir : remplacer le diesel russe, mais à quel prix?
- Malgré cette récente hausse des importations, l’Europe a déjà réduit de moitié les livraisons de diesel russe, depuis le début de la guerre. Mais Moscou reste le premier fournisseur, pour l’instant.
- « L’UE devra se procurer environ 500-600.000 barils par jour de diesel pour remplacer les volumes russes, les remplacements viendront des États-Unis ainsi que de l’est de Suez, principalement du Moyen-Orient et de l’Inde », explique Eugene Lindell, expert du marché des carburants pour FGE, à Reuters.
- Mais une part de pétrole russe pourrait toujours subsister dans le diesel importé en Europe. Il y a différentes solutions : le dark-shipping, où les navires éteignent leurs transpondeur de sorte que leur parcours ne soit pas traçable et/ou le transfert de pétrole de navire à navire, en haute-mer.
- Il y a aussi le fait que le pétrole raffiné porte comme origine le pays qui compose plus de moitié du mélange : une part de brut russe pourrait ainsi se mélanger, incognito, dans du diesel raffiné en Inde, par exemple.
- Dans tous les cas, le président de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, s’attend à une envolée des prix du diesel. La concurrence sur le marché serait déjà très serrée, et s’intensifiera davantage avec l’embargo entrant en vigueur le 5 février.