Pourquoi les USA sont à l’aube d’une 4e vague de Covid, malgré une campagne de vaccination ultra-efficace

Figurant parmi les pays les plus rapides du monde en termes de vaccination, les États-Unis voient toutefois l’ombre d’une 4e vague de coronavirus les menacer de plus en plus dangereusement. ‘En ce moment, j’ai peur’, a même confié Rochelle Walensky, la directrice en chef des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Plusieurs causes sont à l’origine de cette remontée des cas.

Plus de 150 millions de doses administrées, 29,4% de la population ayant reçu au moins une dose et 16,4% étant totalement vaccinés. Les chiffres américains donnent le tournis. En termes de doses administrées, les Etats-Unis sont les numéros un mondiaux. Proportionnellement à leur population, ils sont 5e, derrière Israël, les Emirats Arabes Unis, le Chili et le Royaume-Uni.

Pourtant, depuis une dizaine de jours, les chiffres des nouvelles contaminations et hospitalisations remontent. Très légèrement, mais ils remontent. Surtout dans le nord-est du pays. De quoi inquiéter Rochelle Walensky, la nouvelle directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). ‘Nous avons tant de choses à attendre, tant de promesses et de potentiel là où nous sommes et tant de raisons d’espérer, mais en ce moment, j’ai peur’, a-t-elle déclaré lors d’un point presse lundi, indiquant pressentir un ‘malheur imminent’. C’est-à-dire une quatrième vague de coronavirus.

Variants et oubli des mesures

Parmi les principales explications à cette hausse des chiffres, il y a les variants. Mardi, Walensky a annoncé que le variant britannique (B.1.1.7), hautement plus contagieux et possiblement plus pathogène, représentait 26% des cas au niveau national. Un taux qui baisse à 4% dans certaines régions, mais qui atteint les 35% dans d’autres. Les autorités avaient déjà prévenu que ce variant pourrait devenir dominant à partir du mois d’avril. Cela semble se confirmer.

‘Nous surveillons la situation de très près, mais il commence à devenir le variant prédominant dans de nombreuses régions des États-Unis’, a indiqué Rochelle Walensky.

Les Etats-Unis doivent aussi faire face à leurs variants nationaux: les californiens (B.1.427 et B.1.429), jugés ‘préoccupants’, et le newyorkais (B.1.526), jugé ‘d’intérêt’ mais qui pourrait bientôt être classé comme ‘préoccupant’. Tous ces variants sont eux aussi plus contagieux. Pour le variant newyorkais, il y a des craintes que sa similitude avec le variant sudafricain ((la mutation E484K) ne le rende plus résistant aux vaccins.

Si certains variants peuvent donc être plus contagieux, plus pathogènes voire moins sensibles aux vaccins, les techniques pour les combattre restent les mêmes: les mesures sanitaires de base. C’est pourquoi Rochelle Walensky a prié les Américains de continuer à porter le masque, à éviter de se rassembler en masse et à éviter de longs déplacements à travers le pays.

Malheureusement, certains gouverneurs ont déjà assoupli les mesures, notamment en Floride, mettant un terme par exemple à l’obligation du port du masque et à la limitation des capacités d’accueil des restaurants. D’après le Time, même lorsque les décideurs maintiennent les mesures, de plus en plus d’Américains ne les respectent plus. Baignant dans l’optimisme de la campagne de vaccination ultra-efficace, ils ont tendance à ne plus les appliquer, même lorsqu’ils ne sont pas encore vaccinés eux-mêmes. À l’approche de Pâques, de ses réunions de famille et de ses vacances, cette désinvolture pourrait coûter cher.

Une 4e vague moins virulente ?

Si cette quatrième vague semble se concrétiser, il ne faut pas non plus céder à la panique. Elle pourrait en effet s’avérer moins dangereuse que les précédentes. Tout simplement car les personnes les plus à risque (âgées et/ou présentant des comorbidités) ont, pour la plupart, été vaccinées. A priori, il devrait donc y avoir moins d’hospitalisations et de décès que par le passé.

Même au niveau des cas, certains analystes estiment que cette quatrième vague pourrait atteindre un pic moins élevé que les précédents. C’est notamment l’avis du Dr Mark Roberts (université de Pittsburgh), qui indique que la vaccination agira en conjonction avec l’immunité naturelle provoquée chez une partie de la population qui a déjà contracté le virus.

Pour la plupart des experts, ces quelques motifs d’espoir ne doivent toutefois pas servir à conforter le laxisme de certains gouverneurs et de la population. Chacun doit continuer à faire des efforts durant les prochains mois, car la situation est loin d’être sous contrôle. ‘Cela conduit à une énorme incertitude sur la façon dont les choses vont se dérouler dans les semaines et les mois à venir. Je serais surpris si nous ne voyons pas au moins un État avec une résurgence significative, même si je doute que cela se produise partout’, a résumé Justin Lessler, professeur associé d’épidémiologie à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, interrogé par le Time.

L’appel au respect des mesures de base a été rappelé en début de semaine par le président Joe Biden himself. ‘La guerre contre le Covid-19 est loin d’être gagnée. […] Portez des masques ! C’est un devoir patriotique !’, a-t-il lancé aux Américains depuis la Maison Blanche.

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