Autant nous aspirons à retourner à une vie normale, autant nous ne parvenons pas à résoudre ce problème fondamental. De nombreux experts s’attendent déjà à ce que la situation s’aggrave avant de s’améliorer. Et cela signifie que la fin de la pandémie s’éloigne encore un peu plus de nous.
‘Il faudra peut-être quatre à cinq ans avant de voir la fin de la pandémie et le début d’une ère normale post-Covid’, a déclaré la semaine dernière le ministre de l’Éducation de Singapour dans le Wall Street Journal.
Deux épidémies de Covid-19
La raison ? Il existe actuellement deux épidémies de Covid-19 : une première avec ‘l’ancienne’ souche et une seconde avec les ‘nouveaux’ variants. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans le rapport de l’Institut néerlandais pour la santé publique et l’environnement (RIVM).
Selon l’économiste français Jean Pisani-Ferry, surtout connu pour son travail auprès d’Emmanuel Macron, il existe 4 problèmes qui nous empêchent d’aller de l’avant. Il les énumère dans un article d’opinion sur le site du Project Syndicate.
L’angle mort de la stratégie de vaccination occidentale: 4 points
1. La mutation constante est la caractéristique la plus importante d’un virus. De nouvelles variantes du virus vont continuer à proliférer, devenant ainsi la principale menace. Par exemple, le variant ‘brésilien’ vient d’être découvert à Manaus, une ville déjà touchée à 60% par la première souche. Ces mutations sapent ainsi ‘l’immunité collective’.
2. Les variants voyagent: le variant brésilien a déjà été découvert en Allemagne, tandis que le variant britannique se trouve aux États-Unis.
3. Face à ces faits, deux options existent :
- Combattre le virus (et ses variants) de manière coordonnée dans le monde entier
- Fermer ses frontières et permettre à chaque pays d’éradiquer le virus et ses variants nationaux sur son propre territoire.
4. La stratégie actuelle combine ‘nationalisme vaccinal’, où chacun se bat pour des vaccins dans son propre pays, avec des frontières semi-ouvertes. Les pays riches parviendront à se protéger. Mais ils seront constamment réinfectés par des variants venus des pays pauvres qui n’ont pas pu être vaccinés. Dans ce contexte, après la guerre et les réfugiés politiques, nous ferions face à des réfugiés Covid.
COVAX: le mal aimé
La seule réponse formulée à ce problème est l’initiative COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Son objectif est de vacciner 20% de la population des pays pauvres.
C’est un trop faible pourcentage. Cela ne suffira pas à éradiquer l’épidémie. En outre, COVAX n’a été pour l’instant financé que pour un tiers de son projet.
Pisani note que la vaccination des trois quarts des personnes vivant dans les pays pauvres coûterait 30 milliards de dollars. Soit 3 milliards de personnes avec un vaccin qui coûterait en moyenne 10 dollars. Ce montant ne représente que 0,005% des milliards de dollars dépensés par les pays riches pour maintenir à flot leur économie.
Ce graphique de Our world In Data tient à jour la vaccination dans les différents pays du monde. Il montre bien à quel point toute l’Afrique et une grande partie de l’Amérique latine n’ont pas encore eu le droit à un vaccin.