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Le bal des menteurs: non, l’Ukraine ne pourra pas participer à l’enquête sur le missile qui a fait deux morts en Pologne

Le bal des menteurs: non, l’Ukraine ne pourra pas participer à l’enquête sur le missile qui a fait deux morts en Pologne
(Artur Widak/Anadolu Agency via Getty Images, WOJTEK RADWANSKI,DAMIEN SIMONART/AFP via Getty Images) Omar Marques/Getty Images)

La semaine dernière, un missile a causé la mort de deux personnes dans un village de l’est de la Pologne, tout proche de la frontière avec l’Ukraine. Kiev voulait participer à l’enquête, mais elle ne pourra pas envoyer ses enquêteurs travailler sur place.

Pourquoi est-ce important ?

Après l'incident, la Pologne et plusieurs de ses alliés de l'OTAN ont calmé le jeu, refusant de suivre les accusations ukrainiennes - mais aussi baltiques - ciblant la Russie. Ce qui, même si cela avait été involontaire, aurait forcément tendu encore un peu plus la situation. Pour son enquête, Varsovie ne veut d'ailleurs recevoir aucune aide de Kiev.

Dans l’actu : la Pologne refuse la participation des enquêteurs ukrainiens.

  • D’après les informations du quotidien polonais Rzeczpospolita, le bureau du procureur polonais n’acceptera pas la participation des collaborateurs ukrainiens à l’enquête visant à faire la lumière sur l’origine du missile qui a tué deux personnes mardi dernier dans le village de Przewodów.
  • Une nouvelle qui va à contre-courant de ce qu’avaient avancé des responsables politiques ukrainiens… et même polonais.

Zoom avant : les politiciens sont allés vite en besogne.

  • Vendredi dernier, des médias ukrainiens – suivis par des polonais – indiquaient que des enquêteurs ukrainiens étaient déjà arrivés sur le site de l’incident, prêts à aider leurs collègues polonais.
  • L’information avait été confirmée quelques heures plus tard par le ministre ukrainien des Affaires étrangères sur Twitter. « Des experts ukrainiens travaillent déjà sur le site de la tragédie de Przewodów causée par la terreur des missiles russes contre l’Ukraine. Je suis reconnaissant à la partie polonaise de leur avoir accordé l’accès. Nous poursuivrons notre coopération de manière ouverte et constructive, en tant qu’amis les plus proches », avait commenté Dmytro Kuleba.
  • Une déclaration qui faisait écho aux propos tenus la veille par Jakub Kumoch, le chef du Bureau de la politique internationale auprès du président polonais. Il avait indiqué qu’une équipe polono-américaine avait déjà commencé son enquête et qu’il n’y avait « aucune raison » qu’elle ne soit pas aidée par des enquêteurs ukrainiens.

La révélation : tout cela est faux.

  • Rzeczpospolita indique que, si des enquêteurs ukrainiens sont bien arrivés dans le village polonais, ils n’ont toutefois pas été autorisés à enquêter. Ils ont simplement « observé », et non « participé ». La nuance est importante, car il n’y a aucune base légale en Pologne pour que des enquêteurs étrangers participent activement à une telle enquête.
  • Vous l’avez vu venir : les Américains non plus n’ont pas reçu le feu vert pour enquêter sur le site de l’explosion, indique le quotidien polonais.
  • En résumé, seuls des enquêteurs polonais sont pour l’instant à pied d’œuvre à Przewodów. Il semble exclu que des Ukrainiens les aident. Un appui d’enquêteurs envoyés par les États-Unis – ou par d’autres pays alliés – reste envisageable, mais aucune décision n’a été prise jusqu’à présent.
  • Le président polonais avait d’ailleurs annoncé la couleur en fin de semaine passée. « Si les invités ukrainiens veulent voir les actes de procédure de l’enquête, nous pourrons les montrer tels qu’on me les a montrés, mais pour y participer, leur donner accès à des documents et des informations, cela nécessite une base juridique concrète, y compris lois et accords internationaux », avait prévenu Andrzej Duda.

Zoom arrière : les premiers éléments laissent penser que le missile a été tiré par l’Ukraine.

  • Immédiatement après l’incident, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie, ce que Moscou a fermement démenti.
  • Rapidement, tant la Pologne et les États-Unis ont indiqué que l’hypothèse la plus probable était celle d’un missile ukrainien tentant d’intercepter un projectile russe qui aurait raté sa cible.
  • Zelensky a maintenu sa version des faits pendant deux jours, avant de nuancer ses propos dans la plus grande confusion. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Nous ne savons pas avec certitude. Le monde ne le sait pas », a-t-il reconnu jeudi dans un discours tenu lors du Bloomberg’s New Economy Forum. Le président ukrainien a ensuite réaffirmé être « sûr » que c’était la Russie qui avait tiré le missile… tout en indiquant que l’Ukraine en avait également tiré pour se protéger.
  • En plus d’un manque de base légal, c’est très certainement parce que la piste d’une erreur ukrainienne paraît hautement probable que le bureau du procureur polonais a catégoriquement refusé la participation d’enquêteurs ukrainiens à Przewodów, note Rzeczpospolita.
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