Plus de sortie dans l’espace jusqu’à nouvel ordre pour la NASA à cause… d’une fuite d’eau

C’est une des images les plus emblématiques de l’exploration spatiale : une silhouette humaine, difficilement identifiable sous son épaisse combinaison de protection, qui contemple le vide et les astres au loin alors qu’il se trouve en apesanteur, relié à son vaisseau et à la vie par un simple câble qui a tout du cordon ombilical. Une image qu’on ne tire pas de notre imagination d’ailleurs, même si les sorties extra véhiculaires (EVA pour extra-vehicular activity en anglais, ou plus poétiquement spacewalk) ne sont guère quotidiennes sur la Station spatiale internationale.

La manœuvre reste épuisante et dangereuse pour les astronautes, et le moindre accident peut y avoir des conséquences catastrophiques ; elle est donc rare et, suite à un problème à ce jour inexpliqué, la NASA a même décidé de suspendre toute nouvelle sortie jusqu’à nouvelle ordre.

Risque de noyade dans l’espace

Les faits remontent au 23 mars dernier : Raja Chari, astronaute de la NASA, et Matthias Maurer, son collègue de l’Agence spatiale européenne, achèvent une sortie de près de sept heures hors de l’ISS. Or Maurer a un problème : de l’eau est apparue dans son scaphandre, à hauteur de sa visière. Or parle d’une couche de 20 à 25 centimètres d’eau qui, gravité nulle oblige, s’est constituée le long de son casque. Cela n’est pas suffisant pour le mettre en danger, mais il y a eu un précédent : en 2013, l’astronaute Luca Parmitano a aussi eu la mauvaise surprise de voir de l’eau s’infiltrer dans son casque alors qu’il venait d’entamer une sortie extravéhiculaire. Il est parvenu à retourner au sas de l’ISS avant que le niveau ne monte assez pour risquer de le noyer : il avait déjà près d’un litre et demi d’eau dans son scaphandre.

« No go » pour toute sortie

Face à ces accidents qui se répètent, la NASA ne veut pas prendre de risque. Le 12 mai dernier, lors d’une réunion du groupe consultatif sur la sécurité aérospatiale (ASAP) de la l’agence spatiale américaine, Susan Helms, une ancienne astronaute qui fait partie du groupe, a déclaré que l’agence devait décréter le « no-go » pour les sorties dans l’espace tant qu’on n’en sait pas plus sur ces problèmes d’infiltration.

« Parce que la NASA réfléchit à la posture de risque pour ces combinaisons, qui sont vieillissantes, l’EMU est actuellement interdit pour les sorties extravéhiculaires prévues, en attendant une enquête et ce qu’elle permettra de découvrir », a-t-elle déclaré. L’EMU, ou unité de mobilité extravéhiculaire, désigne la combinaison spatiale utilisée par la NASA pour les sorties dans l’espace, précise Space News.

« Il y a encore des problèmes persistants avec des traces d’eau dans les casques des combinaisons spatiales après la fin d’une EVA ou même, dans certains cas, pendant une EVA », a déclaré Helms lors de la réunion de l’ASAP, sans que la cause profonde du problème soit clairement établie, ni une vraie solution trouvée, malgré l’ajout de coussinets absorbants dans les combinaisons. Or, pour être entièrement examinées, celles-ci doivent être ramenées sur Terre. La NASA prévoit de ramener la combinaison lors de la prochaine mission du cargo Dragon de SpaceX, qui sera lancée vers la station début juin.

Ce « no go » n’est toutefois pas encore trop contraignant sur l’ISS, car aucune sortie n’est prévue avant l’installation de nouveaux panneaux solaires vers la fin de l’année. Mais le problème est grave, surtout s’il persiste alors qu’une situation d’urgence qui nécessiterait des travaux à l’extérieur peut toujours se manifester.

A quand une nouvelle génération de combinaisons ?

Ces fuites sont vues comme une preuve que les combinaisons, vieilles de plusieurs décennies, approchent de leur fin de vie. Le remplacement des combinaisons est un sujet de préoccupation de longue date pour l’ASAP et d’autres organismes, notamment l’inspecteur général de l’agence. La NASA s’est concentrée sur une nouvelle combinaison spatiale, appelée xEMU, pour les missions lunaires Artemis, et a proposé des mesures pour prolonger la vie des combinaisons actuelles de la station spatiale jusqu’en 2028.

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