Discovery, vous vous en souvenez? C’est cet essai clinique à grande échelle qui doit permettre de trouver le traitement le plus efficace contre le covid-19 parmi quatre médicaments prometteurs. Les premiers résultats étaient attendus dans le courant du mois d’avril… Mais près d’un mois plus tard, on ne voit toujours rien venir…
‘Il est prévu d’inclure 3.200 patients européens incluant la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne, et peut-être d’autres pays dont au moins 800 en France, hospitalisés pour une infection au covid-19 dans un service de médecine ou directement en réanimation’, annonçait fin mars l’Inserm, l’organisme qui chapeaute la recherche médicale en France et coordonne l’essai clinique Discovery.
Le projet, toujours en cours, vise à tester quatre traitements: le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (associé ou non à l’interféron bêta) et l’hydroxychloroquine.
Hydroxychloroquine, remdesivir…
Les premiers résultats de cette étude, censée apporter de la clarté sur l’utilisation de molécules parfois controversées en traitement contre le covid-19, que ce soit l’hydroxychloroquine ou le remdesivir, étaient initialement prévus pour la première moitié du mois d’avril. Nous sommes en mai, et toujours aucun résultat n’a été communiqué.
Lundi, le président français, Emmanuel Macron, a fait savoir que les résultats de Discovery seraient connus le 14 mai. Une annonce qui semble toutefois ambitieuse…
‘Difficultés réglementaires’ et faux bonds
‘Nous ne rencontrons pas de mauvaise volonté, nous rencontrons des difficultés réglementaires’, a en effet expliqué mercredi l’infectiologue Florence Ader, qui pilote le vaste projet, lors d’une audition par la commission des Affaires sociales du Sénat en France. Discovery compte pour le moment 740 patients seulement sur les 3.200 prévus, dans 30 hôpitaux, et tous en France à l’exception d’un seul Luxembourg.
Quid des autres pays qui devaient participer au projet? ‘Aucun pays ne s’est formellement retiré des discussions’, assure Florence Ader, dont les propos sont relayés par l’AFP. ‘On met beaucoup de temps pour comprendre les circuits de gestion réglementaire d’un pays à un autre’, déplore cependant celle qui appelle à davantage d’harmonisation des procédures européennes.
Dans Le Monde, Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat, à Paris, expliquait il y a quelques jours que le premier patient luxembourgeois n’a été recruté que le 30 avril, ce qui est toutefois mieux que l’Allemagne, l’Autriche ou le Portugal, où les discussions sont toujours en cours.
Selon lui, le Royaume-Uni se serait finalement retiré de Discovery pour se lancer dans le projet Recovery, tandis que l’Espagne devrait opter en fin de compte pour l’étude de l’OMS baptisée Solidarity.
En Belgique, ni Discovery, ni Solidarity…
‘En Belgique, certains cliniciens qui espéraient participer à Discovery, puis à Solidarity, n’ont pu à ce stade accéder ni à l’un ni à l’autre, et craignent que ces retards aient pu constituer une perte de chance pour certains patients, qui n’ont pu bénéficier de ces molécules…’, expliquait Yazdan Yazdanpanah.
Enfin, et c’est un peu paradoxal, la baisse du nombre de patients dans les hôpitaux, suite aux mesures de confinement, a également ralenti ‘le rythme des inclusions dans l’essai’, précisait encore mercredi l’infectiologue française, Florence Ader. Celle-ci prévient pourtant qu’une participation des autres pays au projet Discovery est essentielle pour atteindre un nombre de patients suffisants en vue d’obtenir des résultats significatifs.
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