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La nouvelle parade de l’Allemagne contre les problèmes d’approvisionnement d’électricité cet hiver

La nouvelle parade de l’Allemagne contre les problèmes d’approvisionnement d’électricité cet hiver
(Getty Images)

Sans le gaz russe, et (quasi) sans centrales nucléaires dès le premier janvier 2023, l’Allemagne pourrait manquer d’électricité cet hiver. Mais Berlin a trouvé une nouvelle parade : des générateurs flottants, tournant au fioul.

Lundi, les opérateurs du réseau d’électricité allemand ont annoncé les résultats d’un test conduit pour évaluer la situation pour l’hiver à venir. Constat : il faut s’attendre à des périodes de black-out. La même journée, le gouvernement allemand a confirmé la fermeture des centrales nucléaires existantes à la fin de l’année, décidées depuis 2011 suite à la catastrophe Fukushima, tout en gardant deux centrales ouvertes, en cas d’urgence, jusqu’en avril 2023.

Le nucléaire en Allemagne, c’est 4 GW de capacité de production, sur un total de 220 GW environ (selon les données d’Electricitymap), soit moins de 2%, et 11 à 12% de l’électricité effectivement produite ces dernières années (selon les données de Ember). Cette source d’électricité doit alors être remplacée, mais ce n’est pas si simple.

La part du renouvelable augmente certes, mais le pays ne peut plus simplement compter sur le gaz (comme prévu en 2011) pour remplacer le nucléaire, car Gazprom a fermé le robinet. Le GNL arrive via la Belgique, tout comme le gaz néerlandais et norvégien, mais le pays doit encore construire ses propres terminaux GNL (et fait tous les efforts possibles pour y parvenir). L’Allemagne relance aussi massivement le charbon pour passer l’hiver. Mais Berlin ajoute désormais une nouvelle corde à son arc.

Générateurs flottants au fiuol

« Des centrales au fioul supplémentaires peuvent être déployées ici à court terme sous la forme de navires, appelés ‘power barges' », annonce le ministère de l’Économie et du Climat, cité par Euractiv.

Ces centrales seront installées dans le nord du pays, pour intervenir en cas de pénurie. Le nord est une région riche en parcs éoliens, où d’ailleurs trop d’électricité est produite (par manque de réseaux assez puissants, elle ne peut être partagée avec le sud de l’Allemagne, où la part du renouvelable est moindre et où les centrales nucléaires peuvent rester ouvertes jusqu’en avril). Les dernières centrales nucléaires du nord ne peuvent donc pas profiter d’une prolongation – voilà pourquoi les générateurs flottants entrent en jeu.

Recourir à une énergie très polluante pour en remplacer une qui n’émet pas de CO2, cela peut paraître une aberration pour certains observateurs. Mais l’Allemagne juge les navires-générateurs plus sûrs que le nucléaire, et la loi sur la sortie du nucléaire oblige le pays à utiliser l’infrastructure la plus sûre.

Disponibilité ?

Le principe est en fait le même que celui des générateurs sur roues, mais ces navires sont beaucoup plus grands. Le premier a vu le jour en 1931 : il a jeté l’ancre près d’une zone affectée par un black-out, pour l’approvisionner en électricité. Ces navires sont notamment utilisés dans les pays émergents, comme au Venezuela, qui peut les alimenter avec le pétrole qu’il produit.

Mais y en a-t-il de disponibles pour partir à la rescousse de l’Allemagne? Il y en aurait en tout environ 75 dans le monde. La société texane Power Barge Corp en aurait 22 fonctionnant au diesel (et 25 tournant au gaz), et la société turque Karpowership en aurait plus de 30, disponibles en 60 jours, rapporte Euractiv. Ces derniers sont surtout stationnés dans des pays émergents, comme le Sénégal, Cuba, l’Indonésie ou l’Irak, où trois navires seulement couvrent 15% de la demande en électricité du pays. Berlin n’a cependant pas encore indiqué d’où viendra ce nouvel atout pour faire face à l’hiver.

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