L’Allemagne confirme sa sortie du nucléaire en 2022, mais s’octroie une sécurité

Alors que le pays souffre particulièrement fort de la crise énergétique européenne en cours, le gouvernement allemand a confirmé son projet de sortir du nucléaire en 2022. L’Allemagne se donne tout de même le droit de faire appel à 2 de ses 3 réacteurs encore en service en cas de pénurie d’énergie cet hiver.

Les incertitudes concernant les capacités de l’Europe à faire face aux mois les plus froids de l’année se multiplient à mesure que la Russie réduit ses approvisionnements et que les alternatives s’amenuisent – la production d’énergie hydroélectrique baisse et les réacteurs nucléaires français tombent comme des mouches. Un contexte complexe dont souffre tout particulièrement l’Allemagne, fortement dépendante des exportations russes. Cela n’a pourtant pas ébranlé ses positions concernant le nucléaire : 2022 marque la fin de ses réacteurs.

« Nous nous en tenons à la sortie du nucléaire [2022] telle que réglementée par la loi sur l’énergie atomique. De nouvelles barres de combustible ne seront pas chargées et à la mi-avril 2023, la réserve cessera également d’exister », a déclaré Robert Habeck, vice-chancelier des Verts et ministre de l’Économie et de l’Action pour le climat.

L’Allemagne est prête

« Nous avons un très haut niveau de sécurité d’approvisionnement dans le système électrique en Allemagne. Nous avons suffisamment d’énergie en Allemagne et pour l’Allemagne », a expliqué Robert Habeck. « Nous sommes un pays exportateur d’électricité. Mais nous faisons partie d’un système européen », a-t-il ajouté. Et si la situation l’exige, l’Allemagne fermera les gros consommateurs industriels ou mettra à l’arrêt ses exportations l’électricité vers la France notamment, alors que cette dernière demande justement à sa voisine de maintenir ses réacteurs nucléaires en marche pour traverser la crise énergétique actuelle.

Mais selon le ministre allemand, il est « très peu probable » qu’une « crise ou une situation extrême » nécessitant de telles mesures se produise. Cependant, au nom de la sécurité d’approvisionnement, deux des trois réacteurs nucléaires encore en service seront maintenus en veille jusqu’en avril 2023.

Une mesure temporaire qui vise principalement à faire face à l’hiver qui approche, a souligné le ministre.

L’Allemagne n’exclut cependant pas un redémarrage de ces réacteurs, mais à la seule condition que l’écart de production d’électricité entre le nord et le sud (moins pourvu en installations d’énergie renouvelable) devienne trop important pour être géré par le réseau. Il faudrait environ une semaine pour les remettre en service.

Une décision qui a du mal à passer

Pour l’heure, la décision n’est pas définitive. Elle doit encore passer par le parlement allemand, même s’il y a peu de chance qu’elle fasse l’objet de modification significative. Elle n’a en tout cas pas manqué de faire réagir.

« En ces temps, toutes les opportunités doivent être saisies pour réduire le prix de l’électricité pour les particuliers et les entreprises », a commenté le chef du parti libéral FDP et ministre des Finances, Christian Linder, à Süddeutsche Zeitung.

Critique à laquelle le ministre de l’Économie et de l’Action pour le climat avait répondu : « Je ne vois pas de majorité au parlement en faveur de l’extension de l’énergie nucléaire ».

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