Le gestionnaire de fonds BlackRock a baissé sa notation pour les actions et les obligations chinoises à « neutre », à cause des risques géopolitiques et des « dégradations rapides des perspectives de croissance » liées à la crise sanitaire.
Le risque de voir leur cotation supprimée à Wall Street, le fait que les investisseurs étrangers s’en débarrassent massivement : les actions chinoises sont actuellement dans une mauvaise posture. Un nouveau coup dur leur est porté par BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde. Il a baissé sa notation des actions et obligations chinoises à « neutre » ce lundi, rapporte Markets Insider.
Ce changement d’attribution n’est pas anodin. Il signifie qu’il n’est pas déconseillé aux investisseurs de s’y intéresser, mais ce n’est pas conseillé non plus. Le « neutre » est également l’étape avant le « négatif ». Les raisons que BlackRock invoque sont multiples, mais en premier lieu, le gestionnaire d’actifs pointe les relations de Pékin avec la Russie. « Nous constatons une inquiétude géopolitique croissante concernant les liens de Pékin avec la Russie. Cela signifie que les investisseurs étrangers pourraient subir davantage de pressions pour éviter les actifs chinois pour des raisons réglementaires ou autres », déclare Jean Boivin, directeur du Black Rock Investment Institute, dans un rapport cité par Insider.
Les relations entre la Chine et la Russie, et ce que peut faire la Chine pour sauver la Russie, restent pour l’instant encore des inconnues. Selon des analystes, la Chine pourrait craindre les répercussions des sanctions occidentales sur son économie. Aux dernières nouvelles, elle a par exemple augmenté ses importations de pétrole russe, bradé que légèrement. Le commerce entre la Russie et Chine a cependant augmenté de 30% sur le premier trimestre 2022, pour atteindre un volume d’échange équivalant à 38 milliards de dollars, selon le vice-ministre des Affaires étrangères chinois Le Yucheng. A échelle mondiale, les imports et exports (comme des machines et des produits électroniques) depuis et vers la Russie ne représentent qu’une petite partie du commerce chinois, environ 2%. Jusqu’où la Chine serait-elle cependant prête à aller? Cette inconnue représente un découragement pour les investisseurs.
Marasme économique
A côté du risque géopolitique, la Chine fait également en ce moment face à un marasme économique particulier, notamment à cause des nombreux confinements qui mettent un frein à l’activité. L’impact sur la croissance semble définitivement inévitable. « Nous avions précédemment maintenu notre statut de ‘modeste surpondération’ des actifs chinois parce que nous considérions que l’amélioration des valorisations compensait les risques. La dégradation rapide des perspectives de croissance de la Chine sur les confinements généralisés pour enrayer un pic de covid a changé la donne », justifie Boivin. « Les décideurs chinois ont annoncé un assouplissement pour prévenir un ralentissement de la croissance – mais ils n’ont pas encore pleinement agi. »
En même temps, Pékin coupe les ailes de ses entreprises technologiques prometteuses, ce qui participe à la fuite des investisseurs et ne donnera pas de coup de pouce à l’économie, en ces temps difficiles, non plus. Le MSCI China Index, un indice boursier qui reprend plus de 700 actifs cotés en Chine, est en baisse de près de 20% depuis le début de l’année, en partie à cause de ces régulations.
Pour les obligations d’Etat chinoises, le rendement est tombé en dessous de celui des obligations américaines (boosté par la hausse du taux d’intérêt de la Fed pour atteindre 3%, une première depuis 2018). Pour BlackRock, « cela efface leur attrait précédent en tant que source de revenus potentiels de coupons ». Quant aux obligations des Etats européens, BlackRock a relevé la note à « neutre ».