« Nike détruit des baskets toutes neuves dans une usine en Belgique »

Des journalistes d’investigation allemands révèlent que le géant des articles de sport Nike détruit des baskets neuves dans une usine de déchiquetage à Herenthout (Anvers). Les chaussures usées que les consommateurs allemands déposent au magasin pour qu’elles soient recyclées sont elles aussi détruites sur place, sans autre forme de procès.

Trois médias allemands, Panorama (Das Erste), Die Zeit et la start-up journalistique Flip, ont voulu savoir où finissent réellement les chaussures Nike que les consommateurs laissent dans les magasins pour qu’elles soient recyclées. Ils ont placé des traceurs GPS sous leur semelle pour suivre le parcours complet des baskets. Nom du projet: Sneakerjagd (chasse aux baskets).

Les journalistes d’investigation ont été stupéfaits de découvrir que certaines sneakers ont fini dans une usine de broyage anonyme à Herenthout, Anvers. Selon eux, cela suggère que les vieilles chaussures ne sont pas recyclées, mais simplement détruites.

Recyclage ou destruction ?

Nike Allemagne avait déjà annoncé en 2007 que les chaussures usées seraient traitées à Meerhout (également en Belgique). Là, selon le programme Reuse-a-Shoe, une usine de recyclage séparerait les matériaux des chaussures et les granulerait en un matériau résiduel appelé « Nike Grind ». Ce matériau peut être utilisé pour construire toutes sortes de surfaces sportives, comme des courts de tennis ou des terrains de basket.

Cependant, le suivi GPS n’a pas conduit à l’usine de recyclage de Meerhout, mais à l’usine de broyage de Herenthout, affirment les journalistes allemands.

Même des chaussures neuves

Une surprise encore plus grande les attendait sur place, car ils ont pu constater que des chaussures neuves de la même série étaient également passées dans les broyeurs de Herenthout. « Nous avions du mal à en croire nos yeux. Parce que les chaussures qui sont jetées sur la table dans des cartons ont toutes l’air neuves », expliquent les journalistes allemands, qui ont remonté la piste jusqu’à Herenthout.

Ils ont trouvé des indications selon lesquelles, dans certains cas, les articles ont été retournés par les consommateurs. Il s’agit peut-être aussi de chaussures que Nike veut retirer du marché pour faire de la place à de nouvelles collections.

Seul le papier de remplissage des chaussures neuves serait retiré. Pour le reste, aucun fractionnement des matériaux n’a lieu, a témoigné un employé. Les chaussures sont déchiquetées dans leur intégralité.

Le consortium de journalistes dit avoir contacté les bureaux de presse belge, allemand et américain de Nike, mais n’a pas reçu de réponse quant à la manière dont les pratiques de Herenthout s’inscrivent dans les promesses de recyclage et la politique de durabilité du géant du sportswear.

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