Principaux renseignements
- La révision du budget à long terme de l’UE vise à répondre aux besoins et défis changeants.
- Le remboursement du fonds de relance COVID-19 pourrait absorber une part importante du budget, ce qui pourrait compromettre des projets ambitieux.
- Le modèle « réforme contre argent » lie le financement à des réformes spécifiques, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’autonomie régionale.
L’Union européenne (UE) se trouve à un tournant décisif alors qu’elle s’apprête à réviser son budget à long terme, qui débutera en 2028. L’actuel cadre financier pluriannuel (CFP), conçu pour des périodes stables, n’est plus adapté pour répondre aux besoins et aux défis en constante évolution de l’UE.
L’un des principaux débats porte sur la taille globale du budget. Le remboursement du fonds de relance COVID-19 en absorbera une part importante, ce qui pourrait compromettre des projets ambitieux. Si certains pays plaident pour un doublement du CFP, d’autres restent hésitants, soulignant la nécessité d’équilibrer les budgets nationaux avec les priorités de l’UE. L’exploration de nouvelles sources de revenus, telles qu’une taxe carbone à l’échelle de l’Union, constitue une solution potentielle, mais se heurte à des obstacles politiques.
Changements structurels et priorités
Le financement de la cohésion, traditionnellement destiné à combler les disparités régionales, est sur le point de subir une transformation significative. La Commission cherche à mettre en œuvre un modèle « réforme contre argent », liant le financement à des réformes spécifiques et centralisant potentiellement la prise de décision. Cette évolution suscite des inquiétudes quant à l’autonomie régionale et à la dilution de l’objectif principal de la cohésion.
Simultanément, la Commission vise à réorienter les fonds de cohésion vers la défense et les technologies stratégiques telles que l’IA et la biotechnologie. Bien qu’il soit important de promouvoir des priorités à l’échelle de l’Union, cela risque de détourner l’attention traditionnelle du développement régional et d’exacerber les inégalités.
De fortes réductions des subventions agricoles sont à prévoir
La politique agricole commune (PAC), autre composante budgétaire importante, fait l’objet d’appels à la réforme et à la réduction. Les puissants lobbies agricoles résistent à la fusion de la PAC avec d’autres flux de financement ou à l’acceptation de réductions. Néanmoins, les initiés prévoient une diminution substantielle des subventions, ce qui suscitera une vive réaction de la part des pays fortement tributaires des aides agricoles.
Le Fonds européen pour la compétitivité proposé par Ursula von der Leyen vise à rationaliser le financement de l’innovation en consolidant de multiples lignes budgétaires en un seul pot flexible. Tout en maintenant le programme de recherche Horizon en tant qu’entité distincte, cette approche soulève des inquiétudes quant à la priorité accordée aux objectifs politiques à court terme par rapport à la recherche ascendante à long terme.
Débat sur la flexibilité accordée à la Commission européenne
Le débat s’étend au niveau de flexibilité accordé à la Commission. La vision de Mme Von der Leyen implique moins de fonds pré-affectés et un cycle budgétaire potentiellement plus court, visant une plus grande agilité. Cependant, les pays pourraient y voir une prise de pouvoir, tandis que les chercheurs craignent qu’un financement imprévisible ne compromette les projets à long terme.
En fin de compte, l’UE est confrontée à un délicat exercice d’équilibre : rationaliser son budget tout en veillant à ce qu’il réponde efficacement aux défis émergents tels que la défense et la compétitivité. Ce processus sera sans aucun doute marqué par des tensions politiques et nécessitera des négociations minutieuses pour parvenir à un résultat durable et équitable pour tous les États membres.