Les scientifiques en mission à Wuhan sur les origines du Covid-19 ont eu accès aux prélèvements effectués sur les premiers cas confirmés en décembre 2019. Ils ont détecté 13 variants différents du SARS-CoV-2. Ce qui laisse penser que le virus circulait depuis bien plus longtemps.
La gestion de l’épidémie de Covid-19 en Chine reste toujours très mystérieuse. Plusieurs sources ont déjà affirmé que les autorités avaient voulu cacher les chiffres réels de l’épidémie. Une étude a montré qu’en avril 2020, il y avait eu près de 10 fois plus d’infections au coronavirus que ce qui avait été annoncé par la Chine.
En ce début d’année 2021, une équipe de 17 scientifiques engagés par l’OMS s’est rendue à Wuhan pour faire toute la lumière sur les faits. La semaine dernière, les chercheurs ont confirmé que le virus était bien d’origine animale, bien qu’ils ne connaissent pas encore l’hôte d’origine.
Mais pour cela, l’équipe va devoir faire un sacré bond en arrière. Selon Peter Ben Embarek, spécialiste de la sécurité alimentaire et des zoonoses, interviewé par la BBC, le virus était déjà très présent à Wuhan en décembre dernier. Il explique que les 174 cas de coronavirus déclarés en décembre 2019 étaient certainement des formes graves du virus, qui ont pu être détectées par les médecins. Nous savons aujourd’hui qu’il faut parfois plusieurs semaines avant qu’une personne ne se retrouve dans un tel état.
En outre, les études montrent qu’une grande partie de la population infectée n’a soit aucun symptôme, soit souffre d’un gros état grippal. ‘Environ 15% finissent par des cas graves, et la grande majorité sont des cas bénins’, explique Peter Ben Embarek. Par extrapolation, les chercheurs ont donc établi qu’ils avaient plus de 1.000 cas de coronavirus en décembre dernier.
Mutations
Les chercheurs ont également eu accès aux prélèvements réalisés sur les 174 personnes déclarées positives au Covid-19 à la fin de 2019. Ils y ont découvert 13 souches différentes du SARS-CoV-2. Les virus mutent très souvent, c’est donc relativement normal. Toutefois, il faut qu’ils circulent dans de nombreux hôtes avant de réaliser une mutation.
Ben Embarek, qui dirige l’équipe, ne veut pas encore affirmer que cette découverte confirme que le virus était présent depuis bien plus longtemps que décembre 2019. Mais cela reste la première preuve scientifique de cette théorie.
Selon le professeur Edward Holmes, virologue à l’Université de Sydney, le virus serait passé sous les radars pendant de nombreux mois avant d’émerger à Wuhan.
Le spécialiste de la sécurité alimentaire précise que le marché de Wuhan n’est donc pas l’origine du virus, mais un simple lieu de passage. ‘Certains [variants] viennent des marchés… D’autres ne sont pas liés’, explique-t-il. Les experts ont rencontré le premier cas confirmé de coronavirus en Chine. Selon ses indications, il n’avait aucun lien avec le marché aux poissons de Wuhan ou un autre marché de la région. Il aurait donc été contaminé dans un autre lieu, qui n’a pas encoré été localisé.