L’impact de DART sur l’astéroïde Dimorphos a été bien plus puissant que prévu

Nous sommes capables de percuter – volontairement – un astéroïde à 11 millions de kilomètres de notre planète. Et les premières observations confirment qu’il serait possible ainsi de le briser en plusieurs morceaux, et en tout cas de faire dévier de sa trajectoire bien plus que ce que nous imaginions. Une méthode qui, en cas d’urgence réelle, semble bien plus prometteuse que l’option nucléaire façon Armageddon.

Comme le sort s’acharne sur la mission lunaire Artemis-1, la grande nouvelle astronomique de la semaine fut – à raison – le crash contrôlé de la sonde DART sur l’astéroïde Dimorphos, à 11 millions de kilomètres de la Terre. Notre planète, pour la première fois de son histoire, dispose donc d’une arme contre toute menace éventuelle posée par des objets spatiaux errants. Nous ne subirons probablement pas le sort des dinosaures.

L’heure est venue maintenant pour la NASA d’étudier les effets de l’impact. Ceux-ni ne seront véritablement connus qu’à partir du moment où la mission Hera arrivera sur place pour examiner les lieux du crash, et celle-ci ne devrait être lancée qu’en 2024 pour un voyage s’étirant jusqu’en 2026. Selon les simulations, Hera devrait observer un nouveau cratère de 10 m de diamètre sur Dimorphos. Sauf que les données que nous possédons déjà pointent vers des dégâts bien plus importants.

« J’ai eu peur qu’il ne reste rien de Dimorphos »

Sans surprise, tous les yeux les plus puissants de la Terre, Webb et Hubble, étaient braqués sur le système formé par les deux astéroïdes frères, Dimorphos et son grand compagnon Didymos, qui le maintient dans son orbite. De même, le satellite LICIACube, de la taille d’un grille-pain, qui se trouvait à seulement 50 kilomètres de l’astéroïde, a gaiement mitraillé l’événement, rappelle Science Alert. Et toutes les images pointent vers un impact bien plus destructeur: « J’ai d’abord eu peur qu’il ne reste rien de Dimorphos » a confié à l’AFP Ian Carnelli, de l’Agence spatiale européenne après avoir vu les images « vraiment impressionnantes » de Webb et Hubble. « S’il y a un cratère, peut-être qu’un morceau de Dimorphos a été arraché. »

Des premières observations qui confirment qu’on peut bien faire des dégâts à un astéroïde de belle taille. Mais le but de la mission DART n’était pas de fragmenter Dimorphos ; elle visait à simplement le faire changer quelque peu de trajectoire. Pas assez pour lui faire quitter l’influence gravitationnelle de Didymos, mais suffisamment pour que ça soit visible. Dans une situation réelle, l’ampleur des distances spatiales ferait qu’un petit décalage serait suffisant pour qu’un bolide dangereux évite notre planète.

Plus besoin de l’option nucléaire

Il faudra probablement au moins une semaine aux télescopes et radars terrestres pour obtenir une première estimation de l’ampleur de la modification de l’orbite de l’astéroïde, et trois ou quatre semaines avant d’obtenir une mesure précise, a déclaré Carnelli. « Je m’attends à une déviation beaucoup plus importante que ce que nous avions prévu », avance quand même l’astronome. Cela aurait « d’énormes implications dans la défense planétaire, car cela signifie que cette technique pourrait être utilisée pour des astéroïdes beaucoup plus gros. Jusqu’a aujourd’hui, nous pensions que la seule technique de déviation serait d’envoyer un engin nucléaire. » La petite mais solide sonde DART vient donc de rejeter Armageddon définitivement au rayon science-fiction, au grand dam des fans de Bruce Willis.

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