L’hydrogène enflamme la Bourse: gare à la bulle spéculative

Le spécialiste de l’hydrogène, Hydrogen Refueling Solutions (HRS) connaît une ascension fulgurante sur l’Euronext Growth, la section de la Bourse de Paris réservée aux start-ups. Des débuts qui enflamment le secteur et que certains n’hésitent d’ailleurs pas à comparer avec l’avènement de la bulle Internet au début des années 2000. Les investisseurs s’emballent un peu vite sur une source d’énergie certes prometteuse, mais bien complexe à mettre en œuvre.

Le groupe isérois qui chapeaute seulement 34 employés vient d’enregistrer la plus grosse introduction en Bourse jamais réalisée dans l’histoire d’ Euronext Growth. La société, qui conçoit des stations de recharge pour les véhicules à hydrogène, a été créée en 2004 et s’est d’abord spécialisée dans la tuyauterie industrielle complexe.

Ce mardi, elle a vu son titre s’envoler de 30% (32,90 euros) pour son premier jour de cotation et grimpait encore de 3% ce matin. Le prix de l’introduction avait été fixé à 25, 30 euros et le groupe a levé 84,6 millions d’euros pour son introduction en Bourse.

La valorisation de l’entreprise dépasse ainsi les 500 millions d’euros, soit près de 50 fois le chiffre d’affaires escompté cette année.

‘Cette levée de fonds va nous permettre d’accélérer notre développement et de jouer un rôle majeur pour la démocratisation de l’hydrogène dans les transports (…) nous sommes prêts à capter le très fort potentiel de croissance de ce marché. Notre ambition est claire : jouer un rôle clé dans la filière hydrogène européenne’, pouvait-on lire dans un communiqué de HRS.

L’entreprise prévoit de développer son empire dans les poids lourds, les chariots élévateurs et ensuite pour les voitures particulières. Elle souhaite aussi démocratiser l’hydrogène. 

La vedette de l’énergie durable 

Il est vrai que l’hydrogène a le vent en poupe. Le site Les Échos n’hésite d’ailleurs pas à comparer cette entrée en fanfare au succès connu par la bulle internet il y a près de 20 ans. 

Transport ferroviaire, automobile, avion et chauffage , l’hydrogène est devenu la vedette de l’énergie et se décline sous toutes ses formes. Il est omniprésent sur Terre et il est aussi possible d’en générer. Par exemple, en envoyant un courant électrique dans l’eau pour séparer les molécules d’oxygènes et d’hydrogènes (électrolyse). Sous haute pression, l’hydrogène génère beaucoup d’énergie et peut être utilisé comme ‘carburant’.

Cela signifie donc que l’hydrogène peut-être potentiellement une source d’énergie renouvelable, ce qui le rend très attractif. Mais pour rester verte, l’électricité utilisée pour effectuer l’électrolyse doit être produite par des énergies sans émissions. C’est ce qui rend cette énergie encore trop chère pour le moment.

La bulle spéculative

Malgré son prix, depuis quelque temps, on observe une flambée de certaines valeurs liées à l’hydrogène. En Europe, des sociétés comme Ceres Power, ITM Power, NEL ASA ou le français McPhy Energy ont vu leur cours de Bourse bondir de respectivement 104%, 277%, 127% et 238%.

Pourquoi? Fin janvier, un rapport de l’Hydrogen Council affirmait que ‘les coûts [des solutions à base d’hydrogène] devraient diminuer de 50% d’ici 2030’. Comprendre : l’hydrogène allait se positionner comme une alternative compétitive face à d’autres carburants alternatifs peu émetteurs de carbone, voire face à des énergies dites plus traditionnelles.

L’hydrogène est également mentionné dans les plans de relance économique de nombreux pays. Les besoins sont donc très significatifs et devraient recevoir un coup de pouce important des pouvoirs publics.

Les sociétés liées à l’hydrogène multiplient les contrats et les projets, ce qui alimente la spéculation.

L’hydrogène reste cependant encore fort couteux. Son stockage et l’infrastructure qu’il nécessite posent aussi problème. Actuellement, l’hydrogène coûte environ quatre fois plus cher que l’énergie ‘classique’. Mais selon la plupart des fabricants, ce problème pourrait être résolu si la production était plus importante.

Reste à savoir si HRS pourra relever le défi…

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