L’Homme Dragon redéfinit totalement l’arbre généalogique du genre humain

Une nouvelle espèce d’humains a été récemment découverte en Chine. L’Homo longi – qu’on peut traduire par l’Homme Dragon – serait notre cousin le plus proche, tandis que l’Homme de Neandertal serait bien plus éloigné qu’on ne le croyait. C’est toute la généalogie du genre humain qui est bouleversée par cette découverte.

La généalogie de l’Homme est bien plus complexe que nos études primaires le laissent penser. Il ne s’agit pas d’une évolution linéaire, mais plutôt d’un arbre, avec des branches qui s’entrecroisent. Nous, humains sur Terre en 2021, appartenons aux Homo sapiens. Et pendant très longtemps, nous pensions que notre plus proche cousin était l’Homme de Neandertal qui aurait vécu principalement en Europe.

Mais une récente découverte a bouleversé toutes les croyances du monde scientifique. En 1933, un crâne a été trouvé en Chine, dans la ville de Harbin. Il possédait de très grosses orbites, presque carrées, avec des arcades sourcilières épaisses et de grandes dents. À l’époque, personne n’avait réussi à déterminer de quelle espèce il provenait. Et c’est bien normal, puisqu’il s’agit d’une espèce humaine qui n’avait encore jamais été découverte. Pendant près de 90 ans, le crâne est resté un mystère pour les scientifiques. Mais cette année, une équipe de chercheurs chinois, australiens et britanniques ont enfin su expliquer son origine.

Le crane de Harbin qui a permis de découvrir l’Homo longi (Qian Ji et al / Geoscience Museum in Hebei GEO University – Isopix)

L’Homo longi

Les examens sur le crâne prouvent de manière fiable qu’il a vécu dans cette région de l’Asie pendant la période du Pléistocène, il y a 125.000 à 800.000 ans. Une analyse plus précise indique qu’il a au moins 146.000 ans. Cinq autres fossiles découverts au nord-est de la Chine proviendraient de l’Homo longi.

Déterminer la généalogie du genre humain est compliqué, car il y a très rarement des fragments d’ADN sur les fossiles découverts. La construction de cet arbre généalogique se fait donc à partir de leur morphologie, de leur situation géographique ou encore de la datation des fossiles.

Illustration de l’Homo longi sur base du crâne de Harbin (Chuang Zhao – Isopix)

Le fossile de Harbin a donc été comparé avec ceux des autres espèces connues de l’Homme telles que l’Homo erectus, l’Homme de Neandertal ou de l’Homo sapiens. Et les résultats semblent indiquer que l’Homo sapiens et l’Homo longi aurait eu un ancêtre commun il y a environ 950.000 ans. Leur lieu de vie correspond puisqu’ils auraient vécu au même moment en Asie. Mais les études indiquent également que les deux espèces auraient un ancêtre commun avec l’Homme de Neandertal il y a plus d’un million d’années.

Et cette découverte remet toute la généalogie humaine en question. Notre espèce se serait séparée de l’Homo neanderthalensis 400.000 ans plus tôt que ce que l’on pensait. Et il ne serait donc plus notre plus proche cousin, ce serait l’Homo longi qui aurait bien plus de points en commun avec l’Homo sapiens.

Problème de temporalité

La généalogie de l’Homme est une science sensible et peu certaine. Si les trois études, publiées dans la revue Innovation, sur le crâne de Harbin proposent une nouvelle datation pour les différentes branches de notre arbre, certaines données ne correspondent pas.

Ainsi, les scientifiques sont assez convaincus que l’Homo sapiens serait arrivé en Europe ou en Asie il y a environ 400.000 ans. Mais le plus ancien squelette découvert en dehors de l’Afrique n’a qu’un peu plus de 200.000 ans, explique le site Science Alert

En outre, la scission entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis est estimée par la nouvelle étude à plus d’un million d’années, alors que les analyses ADN indiquent qu’elle s’est passée beaucoup plus tard. Il faut donc s’attendre à ce que d’autres découvertes bouleversent encore notre appréhension de la ligne généalogique de l’Homme, dans les années et décennies à venir.

Toutefois, le crâne de Harbin a permis, en plus de la découverte d’une nouvelle espèce, de donner un nouvel élan aux recherches sur la généalogie humaine. Cette dernière se concentrait fortement sur l’Europe et l’Afrique, comme berceau de l’humanité. Mais l’Asie pourrait au final avoir joué un bien plus grand rôle dans le développement du genre humain. De nouvelles études, plus poussées, doivent donc se concentrer sur cette région du monde.

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