L’Europe divisée en deux sur le port du masque

Depuis le début de la pandémie, la question du port du masque est controversée. Certains croient en son efficacité, d’autres non. Les avis évoluent selon les directives plus ou moins claire. Petit aperçu de l’acceptation du port du masque à travers le monde.

La société britannique d’étude YouGov, en partenariat avec l’Imperial College de Londres, a commencé à récolter les avis sur le port du masque depuis février. En 5 mois, les analystes ont pu voir de grandes variations, principalement entre le nord et le sud de l’Europe.

Ainsi, comme le montrent les graphiques du journal The Economist, les citoyens français, italiens et espagnols, qui n’étaient pas très convaincus de l’utilité du masque en mars dernier, sont maintenant près de 80% à l’accepter.

Cela confirme aussi les chiffres de l’université d’Anvers qui affirmait début du mois que 77% des Belges sont favorables au port du masque obligatoire dans les supermarchés. En tout cas dans les intentions. Concrètement dans l’espace public, il n’est pas évident de constater ces chiffres.

Les pays du nord de l’Europe restent eux réticents sur l’utilisation de ces protections buccales. Ils sont ainsi moins de 20% à dire porter un masque en public en Suède, en Norvège et au Danemark.

Pourcentage de la population qui dit porter un masque dans les lieux publics. (Graphique by The Economist & Datas from YouGov)

Expliquer cette divergence d’opinions

Tout d’abord, les autorités sanitaires internationales telles que l’OMS ou le CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) ont pris du temps avant de recommander le port du masque. En mars, les institutions affirmaient que le masque était inefficace pour protéger du virus. Le CDC a commencé à promouvoir le port d’une protection sur le nez et la bouche en avril. Et l’OMS ne l’a fait qu’en juin.

Ces changements d’avis ont impacté directement les décisions prises au niveau national. Ainsi, certains pays comme l’Italie ou l’Espagne où le port du masque est obligatoire dans les lieux publics ont suivi directement les instructions du CDC. Tandis que d’autres pays comme la Suède pensent que la distanciation sociale et la mise en quarantaine sont suffisantes pour arrêter la pandémie.

En Belgique, les masques sont devenus obligatoires dans les transports en commun dès la sortie du confinement, c’est-à-dire depuis mai. Certaines communes avaient déjà étendu l’obligation aux commerces avant que cela ne devienne une mesure nationale samedi dernier. Efficace ou pas, les masques ont fait l’objet de nombreuses hésitations chez nous. Globalement, les Belges pensent qu’ils sont nécessaires, mais concrètement ils ne le portaient pas vraiment jusqu’à il y a peu.

L’utilisation du masque semble donc dépendre des instructions des autorités sanitaires nationales. Ainsi en Asie, où son utilisation est recommandée depuis des années en cas d’épidémies, il a tout de suite été accepté et utilisé par une large proportion de la population.

Facteur politique

Toutefois, ce n’est pas le seul facteur qui joue. Aux États-Unis, alors que le CDC et le Dr Anthony Fauci – le monsieur coronavirus des USA – encouragent le port du masque depuis plusieurs mois, mais une part importante de la population s’y oppose totalement. La question est devenue un enjeu politique et le masque est considéré comme une entrave aux libertés individuelles. Le président américain lui-même a toujours refusé d’en porter un, jusqu’à dimanche passé, lors de sa visite d’un hôpital militaire.

Aujourd’hui, l’efficacité du masque est de moins en moins contestée parmi les scientifiques. La semaine dernière, plus de 200 scientifiques écrivaient à l’OMS qu’il y avait de sérieuses preuves de la transmission du virus par l’air. Se protéger le nez et la bouche est l’un des meilleurs moyens pour éviter de diffuser le virus dans l’air.

En outre, c’est une bonne manière de rappeler à la population que le virus n’a pas encore disparu et que les autres mesures sanitaires restent toujours d’application.

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