‘L’euro entre dans une nouvelle phase’

La monnaie européenne est entrée dans une nouvelle phase et est devenue la concurrente du yen japonais, estime George Saravelos, qui dirige le département FX Research (opérations de change) chez Deutsche Bank à Londres. Selon lui, tout le monde veut emprunter en euros… Par contre, personne ne veut garder la monnaie dans son portefeuille.

L’Europe est donc devenue le principal prêteur du reste du monde. C’est un changement de style, note George Saravelos.

Le nombre de prêts en euros aux non-résidents de la zone euro est à son plus haut niveau depuis 2008. Les banques hors UE prêtent également de plus en plus à leurs clients en euros.

La Deutsche Bank estime que plus des deux tiers de l’excédent de la balance des paiements de l’UE, qui s’élève à 455 milliards d’euros pour les douze derniers mois, sont utilisés à ces fins.

Emprunter en euros et chercher de l’intérêt ailleurs

Personne ne veut donc conserver la monnaie européenne en portefeuille sous forme d’espèces, mais tout le monde veut emprunter en euros, résume Saravelos. Ils contractent des dettes en euros et paient un taux d’intérêt très bas. Ils investissent ensuite cet argent dans des devises offrant un rendement plus élevé.

Il existe de nombreux exemples. Les Européens qui font du commerce aux États-Unis et qui sont payés en dollars choisissent de conserver ces dollars dans une banque américaine. Plutôt que de les échanger et d’obtenir des taux d’intérêt nuls ou négatifs dans l’UE. D’autre part, les sociétés américaines émettent des obligations en euros et échangent le produit en dollars.

Le taux de change de l’euro est poussé à la baisse

Ces transactions poussent la monnaie unique à la baisse en raison de l’offre importante en euros. Ce commerce rend également l’euro plus vulnérable aux fluctuations importantes des marchés financiers.

Dans des circonstances normales, la monnaie européenne devrait être cotée à environ 1,40 euro pour un dollar. Toutefois, l’euro a du mal à se maintenir autour d’une limite supérieure de 1,10 euro. Selon Saravelos, il s’agit d’une situation sans précédent. Cela s’explique par le fait que la zone euro affiche un excédent stable et important de sa balance des paiements et que les États-Unis affichent un déficit.

Par conséquent, la zone euro peut désormais être considérée comme le fournisseur mondial de liquidités pour le système financier international.

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