Le gouvernement espagnol a dépensé une petite fortune pour acheter des trains dont la taille ne correspond pas à celle des tunnels de son réseau ferroviaire.
Une gaffe qui coûte 258 millions d’euros : l’Espagne commande des trains qui s’avèrent trop grands pour ses tunnels
Pourquoi est-ce important ?
Le genre d'erreur que l'on penserait impossible de la part d'un pays comme l'Espagne, et pourtant la France l'avait déjà commise avant elle, en 2014. À se demander comment de tels fiascos peuvent encore avoir lieu avec toutes les données que l'on dispose à notre époque et la hiérarchie de vérification en place. L'erreur peut ici être réparée, mais le mal est fait et le projet de construction déjà retardé.Dans l’actu : Le journal espagnol El Comercio a révélé que l’opérateur ferroviaire national, la Renfe, a commandé 31 trains de banlieue dont les dimensions sont trop grandes pour les tunnels de Cantabrie et des Asturies qu’ils devront traverser.
- Le constructeur des trains, l’entreprise basque CAF, avait déjà signalé l’erreur en mars 2021.
- Vieux de plus de 130 ans, le réseau ferroviaire de ces deux régions traverse un paysage montagneux, avec une multitude des tunnels qui ne respectent plus les normes modernes.
- Comme ces trains étaient encore en phase de conception, leur construction peut encore être adaptée.
- Avec un calendrier reporté : ces trains devaient être opérationnels dès 2024 pour les deux régions du nord du pays. Leur mise en service est désormais retardée jusqu’au moins 2026.
- Scandalisé, le président de Cantabrie, Miguel Ángel Revilla a déclaré qu’il « s’agit d’un travail bâclé inqualifiable » et que « des têtes doivent tomber ».
- Cela n’a pas tardé : deux patrons des transports espagnols ont depuis été licenciés. Mais cela sera peut-être insuffisant pour pardonner un tel fiasco et une humiliation pour le pays ibérique.
Comment ? La Renfe a attribué le contrat sur la base des mesures publiées par l’Adif, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire, dans son document de référence du réseau, soit le document qui détaille les conditions de l’ensemble de l’infrastructure. Le fabricant de trains, la CAF, a été le premier à avertir que ces données pouvaient ne pas correspondre à la réalité… Ce qui a été confirmé par la suite par les parties concernées. Elles ont alors cherché des solutions :
- Une option consistait à recourir aux dimensions normalisées par l’Agence de Sécurité Ferroviaire. Mais cela aurait donné lieu à des trains bien plus petits que ceux qui circulent actuellement.
- Les trois parties ont finalement convenu d’utiliser la méthode dite « comparative », qui consiste à prendre un train déjà en circulation sur le réseau et à utiliser ses dimensions comme référence.
À noter : Ce n’est pas un accident unique. En 2014, la France avait commis une erreur similaire, lorsque la SNCF avait commandé 2 000 trains trop larges pour les quais du réseau ferroviaire régional. Pour une facture ici bien plus lourde : les trains étant déjà fabriqués au moment de cette découverte, 1 300 quais ont dû être reconstruits et agrandis, pour un coût estimé à 50 millions d’euros.
