L’anticorps monoclonal : le traitement alternatif pourrait changer la donne

Alors que les États attendent avec impatience un vaccin miracle contre le coronavirus, certains experts affirment que ces derniers ne seront pas disponibles avant l’an prochain, au mieux. Mais un autre remède pourrait faire l’appoint: l’anticorps monoclonal.

Plusieurs études portant sur les anticorps monoclonaux seraient actuellement en cours. Ces derniers contiennent des protéines spécifiques qui une fois qu’elles sont synthétisées, empêcheraient le Covid-19 (SRAS-CoV-2) d’infecter les cellules saines. Certains experts affirment que ce remède pourrait être une solution aussi efficace (et plus rapide) que le vaccin, même si son effet est moins durable. ‘Les thérapies à base d’anticorps pourraient offrir l’une des meilleures options à court terme pour développer des traitements sûrs et efficaces contre le Covid-19’, a déclaré Francis Collins, directeur de l’Institut américain de la santé. 

Les experts affirment que les anticorps monoclonaux pourraient agir comme un médicament ‘relais’ qui permettrait à la population d’avancer en toute sécurité jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible. 

Vaccins vs anticorps monoclonaux

Le sang humain contient des centaines de milliers d’anticorps différents. Les anticorps sont des protéines fabriquées par le système immunitaire qui peuvent attaquer ou repousser les virus et d’autres agents pathogènes.

Les vaccins (de façon très résumée) fonctionnent en encourageant le système immunitaire à fabriquer de nouveaux anticorps, capables de vaincre un agent pathogène particulier. Une fois que le système immunitaire commence à fabriquer ces anticorps, il ne s’arrête plus. Ainsi, à moins qu’un virus ne mute et ne rende ces protéines inefficaces, toute personne qui les possède est protégée contre le virus. 

Une solution à court terme

Les traitements à base d’anticorps monoclonaux sont, en gros, un condensé de ces mêmes protéines repoussant le virus. Une fois dans le sang, ils circulent et neutralisent l’agent pathogène. Seul inconvénient, le système immunitaire ne les fabrique pas, les anticorps cessent donc de fonctionner au bout d’un certain temps. ‘Leur efficacité est d’environ un mois en général, mais il est possible de les modifier pour prolonger leur efficacité durent jusqu’à six mois’, explique le docteur Myron Cohen, professeur et directeur de l’Institut pour la santé mondiale et des maladies infectieuses de l’université de Caroline du Nord.

Le Dr Myron Cohen, souligne l’efficacité des anticorps, arguant que plusieurs doses de vaccins sont aussi parfois nécessaires avant d’être efficaces alors que les anticorps monoclonaux, sont susceptibles d’agir immédiatement (bien que temporairement).

Efficace dans tous les cas de figure? 

Le Pr John Swartzberg spécialisé dans les maladies infectieuses et professeur à l’université de Californie, explique que les anticorps ne sont pas toujours la principale arme du système immunitaire. Dans de nombreux cas, le corps requiert des cellules immunitaires spécialisées (et non des anticorps) pour stopper l’infection. ‘Si la réponse immunitaire à la médiation cellulaire s’avère critique, les anticorps monoclonaux peuvent ne pas jouer un grand rôle’, déclare-t-il. Il est également possible qu’une grande quantité d’anticorps soit nécessaire pour éliminer le virus. C’est quelque chose qu’un vaccin pourrait fournir, mais que les thérapies à base d’anticorps monoclonaux ne peuvent probablement pas fournir.

De son côté, le Dr Myron Cohen reconnaît qu’il y a beaucoup de défis et de questions sans réponse. Selon lui, les anticorps monoclonaux existent depuis deux décennies, mais ils sont généralement utilisés pour traiter des maladies dans lesquelles les processus inflammatoires de l’organisme font des dégâts, et non pour les virus: ‘nous n’avons pas beaucoup d’expérience avec les agents infectieuses’, explique-t-il. ‘À observer la façon dont le Covid-19 progresse dans l’organisme, les anticorps monoclonaux peuvent être plus utiles au cours des premiers stades de la maladie, et moins utiles comme traitement des cas avancés de Covid-19’, ajoute-t-il. 

Un remède onéreux

Selon le magazine Nature, près de 70 traitements par anticorps seraient en cours de développement et plusieurs d’entre eux sont en phase de tests. Au moins deux laboratoires pharmaceutiques (Eli Lilly and Company et Regeneron Pharmaceuticals, Inc.). Les résultats pourraient être dévoilés dès septembre ou octobre. Seul inconvénient, le prix. L’AIDS Vaccine Initiative (IAVI), une organisation de recherche à but non lucratif de la ville de New York, et Wellcome on rédigé un rapport qui explique que cette solution serait très onéreuse. Synthétiser des anticorps est en effet une technique coûteuse (entre 15.000–200.000 dollars par an pour un traitement, selon le rapport). Même si ce remède prouve un jour son efficacité et s’il est disponible sur le marché, les pays les plus pauvres (et aussi les plus touchés) ne pourraient pas en bénéficier. 

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