Les routes de la soie aux portes de l’Europe: partenariat entre le Maroc et la Chine

Le Maroc et la Chine signent un partenariat commercial, sous l’égide du programme des Nouvelles routes de la soie. Ils concrétisent une feuille de route pour l’avenir, après des premiers projets bilatéraux datant de 2017. Ce programme est toutefois souvent interprété comme un outil de propagande qui crée des dépendances envers la Chine.

Un programme de développement du commerce, via l’investissement et la construction d’infrastructure, comme des routes, des ports, des aéroports et des voies ferrées. La Chine l’a déjà déployé dans de nombreux pays, 139 au total. Le Maroc s’était inscrit en 2017 déjà, et le partenariat a officiellement été scellé mercredi.

Les deux pays se sont entendus sur une feuille de route pour la mise en œuvre du programme. Le Maroc aura accès aux financements chinois, pour réaliser des « grands projets ». Le but principal est d’améliorer les échanges commerciaux, mais le programme prévoit également la création de projets communs, dans l’industrie et dans l’énergie, ainsi que dans la recherche et la technologie. L’accent est également mis sur le développement durable, rapporte l’agence de presse marocaine, citée par BFM Business.

6 milliards de dollars en 2021

Ning Jizhe, représentant chinois présent lors de la signature (par visioconférence), a indiqué que la Chine a déjà investi 380 millions de dollars au Maroc, de manière directe. Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourrita fait les compte des projets déjà en cours. Les échanges avec la Chine ont augmenté de 50% en cinq ans, passant de 4 milliards de dollars à 6 milliards, en 2021. 80 projets d’investissement portant le tampon de la Chine sont en ce moment en cours de développement.

Propagande et prêts cachés

Pour certains, le programme est un outil de propagande, créant des dépendances envers la Chine chez les pays signataires. Au Maroc, ce partenariat économique va-t-il même jusqu’à influencer des questions judiciaires ou humanitaires? En décembre, la justice du pays a autorisé l’extradition d’Yidiresi Aishan, Chinois d’origine ouïghoure (décision pas encore mise à exécution). La Chine le recherchait pour avoir commis des actes terroristes, une accusation souvent adressé aux personnes issues de cette minorité. En Occident, la Chine est alors accusée de persécuter cette minorité musulmane, et de l’enfermer dans des camps de concentration.

Un partenariat qui pourrait aussi apporter des avantages géopolitiques au Maroc? La pays clame depuis des années le territoire du Sahara occidental, et cherche à convaincre ses partenaires de le soutenir. Le poids diplomatique de la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, ne serait alors pas des moindres, si l’Empire du Milieu se prononçait en faveur du Maroc. Hélas, attendre ce soutien semble vain, la Chine ne souhaitant pas se mêler pas de ce type de disputes territoriales.

Au-delà de l’aspect de propagande et de dépendance stratégique, un autre danger créé par ce programme, ce sont les prêts cachés que la Chine octroie, qui poussent les pays en voie de développement au surendettement. Les prêts entre pays sont régulés à échelle internationale, les pays ne peuvent pas prendre de prêts au-delà d’un certain pourcentage de leur PIB. Mais des acteurs chinois proposent alors des prêts privés, moins observés par les instances de contrôle. En cas de défaut de paiement, ces acteurs, ou la Chine, peuvent récupérer des infrastructures ou des droits d’exploitation des infrastructures concernées.

Les nouvelles routes de la soie, un cadeau empoisonné? L’Europe, comme les États-Unis, ont également lancé un programme similaire.

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