Une étude pointe la « dette cachée » des pays pauvres envers la Chine

Le colossal programme chinois d’infrastructures des « Nouvelles routes de la soie » leste les pays en développement avec une « dette cachée » de 330 milliards d’euros, affirme mercredi un rapport américain.

Cette étude est publiée par AidData, un institut de recherche de l’université William et Mary, dont l’ambition est de rendre le financement du développement plus transparent.

Selon le rapport, des accords « opaques » conclus entre des banques ou des entreprises d’État chinoises avec des pays en développement laissent des dizaines d’entre eux accablés de dettes, qui n’apparaissent pas dans leurs bilans.

Sous l’impulsion de son président Xi Jinping, la Chine a lancé en 2013 l’initiative des « Nouvelles routes de la soie », dans le but de construire des infrastructures et de gagner en influence internationale.

Routes, ponts, ports, stades ou encore hôpitaux: Pékin a dépensé en moyenne 85,4 milliards de dollars par an pendant les cinq premières années de l’initiative, bien plus que les États-Unis sur cette période (37 milliards), note l’étude.

Ces investissements ont été réalisés dans de nombreux pays, notamment d’Afrique et d’Asie.

Près de 70% de cet argent a été prêté à des banques d’État ou à des coentreprises entre des entreprises chinoises et des partenaires locaux, dans des Nations qui étaient déjà très endettées envers Pékin, déclare Brad Parks, directeur exécutif d’AidData.

« De nombreux gouvernements pauvres ne pouvant plus se permettre d’autres prêts », la Chine « a fait preuve d’imagination », estime M. Parks.

Selon lui, des prêts étaient ainsi accordés à une « constellation d’acteurs autres que les gouvernements centraux », mais ces emprunts étaient assortis d’une clause obligeant les gouvernements à rembourser si le signataire n’était pas en mesure de le faire.
« Les gouvernements eux-mêmes ne connaissent pas aujourd’hui l’exact montant qu’ils doivent à la Chine », selon M. Parks.

Cette « dette cachée » s’élèverait, selon AidData, à 385 milliards de dollars (330 milliards d’euros).

L’étude répertorie 45 pays à revenu faible ou intermédiaire dont le niveau d’endettement vis-à-vis de la Chine est désormais supérieur à 10% de leur PIB national.

« De nombreux dirigeants étrangers, qui étaient à l’origine impatients de sauter dans le train des Nouvelles routes de la soie, suspendent voire annulent désormais des projets d’infrastructure chinois en raison de craintes quant à la viabilité de la dette », souligne Brad Parks.

Ce rapport est publié alors que les Etats-Unis et leurs alliés ont annoncé en juin au cours du sommet du G7 une initiative concurrente baptisée Build Back Better (« Reconstruire le monde en mieux »).

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