Les Paradores espagnols souffrent aussi de la crise

[PICTURE|sitecpic|lowres]

Pendant des décennies, l’Espagne a restauré des bâtiments historiques, tels que châteaux médiévaux, anciens monastères et forteresses maures, pour en faire des hôtels de luxe. L’idée était de sauver ce patrimoine inestimable, tout en offrant une nouvelle source de revenus pour quelques unes des régions les plus reculées du pays. Aujourd’hui, on compte 93 établissements de ce genre, réputés pour l’excellence de leur service et de la restauration qu’ils offrent, qui forment la chaîne Paradores de Turismo de España. Beaucoup de ces établissements sont absolument sublimes, ils sont très bien entretenus, et tous sont la propriété de l’Etat espagnol. Mais les affaires vont mal.

L’année dernière, Paradores a enregistré des pertes s’élevant à 28 millions d’euros, et le groupe est endetté à hauteur de 105 millions d’euros. Le gouvernement espagnol a annoncé qu’il avait l’intention de fermer définitivement 7 des établissements, et plus de 25 autres pour au moins quatre mois par an. Mais il a fait marche arrière lorsque les syndicats se sont opposés à ces fermetures.

Le tourisme est l’un des rares secteurs de l’économie espagnole qui réussit à se maintenir en dépit de la très grave crise qui sévit dans le pays. Le tourisme espagnol a bien marché l’année dernière, bénéficiant de la désaffection qui a incité de nombreux touristes à se reporter sur l’Espagne comme destination alternative des pays ébranlés par le Printemps Arabe. Mais les Paradores ne se sont adaptés que très récemment aux nouvelles méthodes de réservation sur internet, et ils n’ont pas su se gagner les faveur des tours operators, alors que la concurrence était de plus en plus forte.

« Le problème avec les Paradores, c’est qu’ils ne se sont pas adaptés au marché, aux méthodes de l’industrie du tourisme d’aujourd’hui. Ils ont besoin d’un changement de mentalité », affirme Ramón Estalella, le Secrétaire Général de la Confédération des Hôtels Espagnols et des Hébergements pour les Touristes. Il explique que le réseau est dirigé par des politiciens, et non des experts, et que la nécessité d’attirer une nouvelle clientèle internationale n’a jamais été prise en compte. Traditionnellement, ce sont les touristes espagnols qui fréquentent majoritairement les Paradores. Mais en ces temps de crise, ils ont moins d’argent, et ils prennent moins de vacances. De plus, au cours des dernières années, le gouvernement a pris de mauvaises décisions en matière d’investissement, choisissant des sites suscitant un intérêt trop faible. En outre, les employés qui travaillent dans les hôtels s’attendent à y être employés à vie, et ils ne sont guère flexibles.

Ángeles Alarco Canosa, la nouvelle directrice de la chaîne, compte économiser 20 millions d’euros cette année, et pour y parvenir, elle veut licencier 350 salariés. Elle envisage également la fermeture définitive d’un Parador. 24 autres ne seront ouverts que pendant la saison touristique. Enfin, la politique marketing sera revue pour proposer des packages incluant des cours de cuisine, ou des balades à vélo, par exemple.

Plus