Sondage: les Européens ne veulent pas que l’UE s’immisce dans les cryptomonnaies

Selon un sondage d’Euronews, une majorité de citoyens européens préfèrerait que la charge de réglementer les cryptomonnaies revienne à leur propre gouvernement plutôt qu’à l’Union européenne.

Ce n’est pas un secret, les cryptomonnaies gagnent du terrain. Elles sont en effet de plus en plus populaires auprès du grand public, de sorte que les autorités s’y intéressent et envisagent sérieusement de réglementer le secteur. L’Union européenne suit également le dossier de près. Elle a d’ailleurs déjà fait plusieurs propositions à ce sujet ce qui n’est pas forcément du goût de tout le monde.

Selon un sondage réalisé par Redfield & Wilton pour Euronews sur base d’un échantillon de 31.000 personnes, une majorité des Européens est en effet contre le fait que l’UE règlemente la cryptographie et préférerait que cette tâche revienne à leur propre gouvernement.

Un souhait que l’on peut lier au fait que pour un grand nombre des personnes interrogées, l’intervention de l’UE et de la BCE – Banque Centrale européenne – dans l’économie de leur pays est trop importante. « Une grande partie de la population est toujours convaincue que la crise est survenue à cause de mauvaises décisions au niveau de l’UE et non à cause de graves carences dans leur secteur bancaire national, d’une dette publique en flèche et de marchés du travail non réformés », a indiqué Dimitar Lilkov, chargé de recherche au Centre d’études européennes Wilfried Martens, à Euronews.

C’est sans doute pourquoi une majorité des personnes interrogées dans 12 États membres de l’UE préfèrent que ça soit leur propre gouvernement qui réglemente le marché des cryptomonnaies dans leur pays plutôt que la Commission européenne.

Un souhait qui n’a rien d’irréaliste, car comme le souligne Lilkov, bon nombre de questions financières sont déjà décidées dans les différents pays de l’Europe et non à Bruxelles, le siège des institutions européennes. « Alors que la zone euro est une union monétaire, il n’y a pas d’union fiscale en place. Les pays européens se coordonnent sur la politique fiscale (déficits, dette), mais les décisions finales en matière fiscale (c’est-à-dire budget national, priorités financières) sont déterminées par les gouvernements nationaux ».

Des monnaies numériques nationales

Une partie des Européens interrogés soutient également la création de monnaies numériques nationale. L’Italie, la Grèce, l’Estonie et l’Espagne se sont montrées particulièrement favorables à cette idée, alors que les Pays-Bas étaient plutôt contre. Créer une monnaie numérique nationale permettrait aux différents pays d’affirmer une certaine indépendance monétaire vis-à-vis de l’UE.

Or, contrairement aux cryptomonnaies « traditionnelles », les monnaies numériques nationales ne sont pas décentralisées, mais encadrées pas une banque centrale. Plusieurs pays à travers le monde réfléchissent déjà sérieusement à créer une telle monnaie, c’est notamment le cas de la Chine, des États-Unis et de la Grande-Bretagne.

L’Union européenne étudie également la question. Un euro numérique pourrait ainsi voir le jour d’ici quelques années. Or, pour Lilkov, adopter l’e-euro signifierait la mort de tout projet de monnaie électronique nationale. « Les pays de la zone euro qui souhaitent utiliser une monnaie numérique seraient liés à un euro numérique potentiel, géré par la BCE en coordination avec le système bancaire de la zone euro », a-t-il indiqué.

Pour l’instant, aucune monnaie numérique nationale ou européenne ne semble prête à voir le jour. Les projets sont encore aujourd’hui à un stade précoce et pourraient encore évoluer dans un sens ou dans l’autre au cours des prochaines années, à mesure que les cryptomonnaies gagnent toujours plus de terrain, mais surtout que le public s’y intéresse de près. L’adoption de ces monnaies numériques pourrait accélérer le processus de décision de l’UE, ainsi que celui des pays membres.

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