L’épidémie de grippe en 2021 pourrait être ‘la pire que nous n’ayons jamais connue’

Les épidémies de grippe sont la plupart du temps annuelles et la saison dure généralement de décembre à mars. Mais cette année, le nombre de cas de grippe a été exceptionnellement bas, et ce partout dans le monde. C’est ce qui fait craindre le pire aux épidémiologistes.

La dernière saison de grippe a fait très peu de victimes dans le monde cette année. En Europe, les seuils épidémiques n’ont même pas été atteints, considérant qu’il n’y a pas eu d’épidémie de grippe cette année en Europe. Moins d’une centaine de personnes sur les 37 pays et territoires de l’Europe ont contracté une forme grave de la maladie.

Aux États-Unis, même constat. Les cas de grippe ont été 100 fois moins élevés qu’à l’accoutumée. À l’exception de l’Afrique de l’Ouest, aucune épidémie de grippe ne s’est développée dans le monde au cours de l’hiver 2020-2021.

Gestes barrières

Selon le Réseau européen de surveillance de la grippe, les mesures mises en place pour éviter la propagation du coronavirus ont permis d’éviter une épidémie de grippe. Toutefois, comme le précise un article de ABC, le phénomène étant mondial, les gestes barrières ne suffisent pas pour expliquer l’absence d’une réelle saison de la grippe.

‘Personne ne l’a vu. Cela inclut les pays qui ont fait le verrouillage. Cela inclut les pays qui n’ont fait aucun verrouillage. Cela inclut les pays qui ont fait du bon travail pour contrôler la pandémie. Cela inclut les pays qui n’ont pas fait du bon travail’, précise Richard Webby, spécialiste de la grippe au St Jude Children’s Research Hospital de Memphis.

Il est également possible que le coronavirus ait interféré avec le virus de la grippe, ce qui a limité sa propagation.

‘La pire saison grippale’

Le professeur Webby et d’autres spécialistes pensent que la prochaine épidémie de la grippe sera bien plus puissante et dangereuse. ‘La pire saison grippale que nous n’ayons jamais connue est peut-être à venir’, avance Webby.

La principale cause: le relâchement de la population. Après plus d’un an et demi à respecter les mesures sanitaires, les gens vont vouloir se voir, partager des repas ensemble, s’embrasser, etc., et cela sans respecter la distanciation sociale et encore moins porter le masque. Les voyages vont également reprendre. Le virus de la grippe pourra alors circuler à nouveau beaucoup plus librement. Surtout à l’automne, quand les enfants retourneront à l’école.

Mais pourquoi la prochaine épidémie sera-t-elle plus violente? Une première théorie, encore trop peu documentée, affirme que notre immunité est stimulée par le contact à certains virus chaque année. Nous ne tombons pas malades, mais notre corps se bat quand même contre de petites quantités de virus. ‘Plus vous restez longtemps sans exposition, plus vous êtes susceptible d’être symptomatique et plus susceptible d’être malade’, explique Aubree Gordon, épidémiologiste à l’École de santé publique de l’Université du Michigan. Et ce sera le cas aussi pour d’autres virus qui habituellement circulent pendant l’hiver.

Une autre explication touche principalement les enfants. C’est quand nous sommes jeunes que notre immunité se développe. Chaque année, les enfants intègrent de nouveaux virus à leurs connaissances immunitaires. Mais l’année dernière, ils n’ont pas été en contact avec des virus de la grippe. Il est donc possible qu’ils doivent faire face à ‘deux ans d’exposition à une gamme de virus en une seule saison’. Et lorsqu’on n’a pas été malade depuis longtemps, ‘il peut sembler qu’on présente des symptômes plus robustes’.

Une épidémie de grippe fait environ 150 morts chez les enfants aux États-Unis. Si les enfants sont exposés à plus de virus, sans être capable de se défendre, la prochaine saison pourrait être catastrophique. La vaccination annuelle contre la grippe, que ce soit chez les enfants de plus de 6 mois ou chez les adultes, risque d’être plus que jamais nécessaire.

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