L’effet boomerang des sanctions contre la Russie: le plus important propriétaire d’avions du monde a perdu une centaine de machines

La Russie a saisi des avions que des compagnies de leasing occidentales ont dû laisser au pays, faute de pouvoir les récupérer. AerCap, le plus grand groupe du secteur, voit ainsi 113 de ses avions perdus à jamais, et affiche une perte de deux milliards de dollars au premier trimestre.

Avec la guerre en Ukraine orchestrée par la Russie, et les sanctions occidentales imposées à cette dernière (comme la fermeture de l’espace aérien et l’interdiction de certaines transactions), les propriétaires d’avions voient leurs engins, prêtés à des compagnies russes, leur filer entre les doigts. Au mois de mars, il était fait état de 515 appareils prêtés à des compagnies russes, et bloqués dans le pays.

Avec le temps, les détails sur ce « hold-up » commencent à filtrer. La compagnie de leasing d’avions irlandaise, AerCap, le plus important propriétaire d’avions du monde, accuse le coup. Le gouvernement russe a saisi et nationalisé 113 avions, ainsi que 11 moteurs, en réponse aux sanctions, rapporte CNN Business. Et la facture est salée : la compagnie rapporte une perte de deux milliards de dollars au premier trimestre de 2021. Sans perdre les avions, elle aurait engrangé des bénéfices de 500 millions de dollars.

Avions irrécupérables

Avant que la Russie ne mette la main sur les avions, la compagnie a pu récupérer 22 avions et trois moteurs. Mais ceux restés sur le sol russe semblent perdus à jamais. La compagnie a lancé des procédures d’assurance, via des assurances russes en partie, mais dit que les délais pour être indemnisée et les montants recouvrables sont « incertains ».

D’un autre côté, même si la guerre venait à se terminer, que les sanctions étaient abandonnées, et que la Russie rendait les avions, ces derniers ne pourraient plus être utilisés en Occident, explique Richard Aboulafia, directeur d’AeroDynamic Advisory, à CNN. C’est que les avions ont perdu leur certificat d’exploitation, et ne pourront donc plus voler en Occident.

Ces 113 avions représentent 5% de la valeur totale de la flotte d’AerCap, qui détient en tout 1.624 avions. Pendant la pandémie, la flotte a considérablement augmenté, notamment à cause du rachat d’un rival, Gecas.

Fin de la pandémie et « bons » résultats

Malgré ce trou de deux milliards de dollars dans la caisse, les résultats d’AerCap sont vus comme bons, par le groupe et par les investisseurs. La compagnie se veut optimiste, et voit notamment la reprise du tourisme, après deux ans de pandémie, comme un élément important. La demande pour le tourisme, et ainsi pour les vols, ne devrait que continuer de plus belle, estime l’entreprise. Les finances des compagnies aériennes, qui louent la plupart des avions avec lesquelles elles volent, commencent également à reprendre des couleurs.

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