Le secrétaire général de l’ONU: ‘Avant tout une crise des droits de l’homme’

Voilà presque un an que la crise sanitaire a éclaté. Dans une lettre ouverte publiée sur le site du quotidien britannique The Guardian, Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, affirme qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas que d’un problème de santé publique, mais de libertés violées.

C’est un peu comme une date que l’on souhaiterait oublier, comme un anniversaire que personne ne souhaite fêter. Le début d’une crise qui marque ‘la fin d’une époque’ à bien des égards… 

Si on ne connait pas encore précisément l’origine de ce nouveau coronavirus et l’instant où il a surgi, ce virus aura impacté la population mondiale… et nos libertés, comme le rapporte le Secrétaire général de l’ONU.

Antonio Guterres affirme en effet que la population est aujourd’hui confrontée à une pandémie… ‘de violation des droits de l’homme’. ‘Le virus affecte les droits politiques et civils. Il rétrécit encore un peu plus l’espace civique. Sous prétexte d’une pandémie, les autorités de certains pays ont déployé des fortes mesures de sécurité et d’urgence et ont ainsi violé les libertés fondamentales’.

Le secrétaire général de l’ONU souligne aussi l’impact des mesures sanitaires dans les régimes autoritaires. ‘Des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes, des avocats, des militants politiques – et même des professionnels de la santé – ont été détenus, poursuivis, intimités, surveillés pour avoir critiqué les réponses du gouvernement à la pandémie. Les restrictions liées à la pandémie ont été utilisées pour subvertir les processus électoraux et affaiblir les voix de l’opposition’, poursuit-il. 

L’État belge poursuivi

Il est vrai que les mesures prises par les autorités posent question et que dans bien des pays, politiques, experts et population sont en désaccord. En Belgique, l’instauration d’une ‘loi pandémie’ a relancé le débat: les politiques ont-ils réellement le droit de retreindre nos libertés ? Si oui, sur base de quelles dispositions légales le font-ils ? Les gouvernements jouent bien souvent à saute-mouton avec les Parlements.

Ce lundi, Belga rapportait que la Ligue des droits humains (LDH) et son équivalent néerlandophone, la Liga voor Mensenrechten, venaient d’intenter une action en référé contre l’État belge. 

Les deux organisations doutent en effet de la légalité de la gestion de la crise sanitaire par la prise d’arrêtés ministériels. ‘Cette concentration des pouvoirs entre les mains du pouvoir exécutif, sans qu’aucun contrôle parlementaire n’intervienne, n’est plus tolérable. Les vagues promesses d’un cadre légal qui interviendrait en juin 2021, et qui n’aurait vocation qu’à régir les prochaines épidémies, sont loin d’être suffisantes’, a déclaré Olivia Venet, présidente de la LDH, dans un communiqué.

Une dynamique de transformation?

Et la crise génère aussi d’autres inégalités… Dans sa lettre ouverte, le secrétaire général de l’ONU affirme que la pandémie a creusé les écarts préexistants. Mercredi dernier, Antonio Gutteres dénonçait ‘un nationalisme vaccinal’, expliquant qu’à ce jour, 130 pays étaient encore en attente de leur première dose de vaccins, alors que près de 10 pays ont réquisitionnés 75% des vaccins produits. 

Le secrétaire général de l’ONU rappelle aussi que la pandémie a aussi rendu les efforts de paix plus difficiles. ‘Le virus a complexifié les négociations, exacerbé les besoins humanitaires et sapé les progrès réalisés dans d’autres domaines, comme les droits de l’homme’. 

Si les droits fondamentaux sont mis à rude épreuve, la crise pourrait-elle encourager les législateurs à repenser le système ? Antonio Gutterres affirme en tout cas que la reprise est ‘une occasion de créer une dynamique de transformation’. Mais il insiste néanmoins sur la nécessité d’une coopération : ‘Les approches qui divisent, l’autoritarisme et le nationalisme n’ont aucun sens face à une menace mondiale’.

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